“Nous n’avons pas besoin de plus de Coupes du monde”
France Info Sports | 08.09.2021 | Par Maÿlice Lavorel | photo : Mourad Allili / SIPA
La Fifa travaille depuis plusieurs mois sur une réforme qui établirait une organisation biennale du tournoi mais aussi des autres compétitions continentales.
C’est une colère sourde qui monte des quatre coins du globe. L’association Football supporters Europe (FSE), qui rassemble des groupes de supporters du ballon rond sur le Vieux Continent, a partagé, mardi 7 septembre sur ses réseaux sociaux, un communiqué de protestation contre l’organisation de la Coupe du monde tous les deux ans.
Une idée que la Fifa évoque depuis des années, en vieux serpent de mer, et qui est revenue sur le devant de la scène ces derniers jours avec la prise de parole d’Arsène Wenger, directeur du développement du football mondial au sein de l’instance. L’ancien manager d’Arsenal a partagé la semaine dernière, dans une interview à L’Equipe, les premiers fruits de la réflexion qu’il mène depuis six mois sur le sujet, en proposant un nouveau calendrier international dans lequel figurerait notamment une grande compétition chaque année (Coupe du monde puis Euro, Copa America et Coupe d’Afrique l’année suivante).
En France, l’initiative des supporters a été soutenue par les Irrésistibles Français, qui suivent les Bleus au quotidien, et l’Association nationale des supporters.
Les supporters pas associés à la décision
Ronan Evain, directeur général de Football Supporters Europe, explique à franceinfo: sport que la volonté de réforme de la Fifa pour la Coupe du monde est surveillée avec inquiétude depuis plusieurs mois déjà. Mais tout s’est accéléré depuis quelques jours, après l’utilisation des supporters comme argument de justification par l’instance : “La Fifa a commencé à s’appuyer sur l’argument des supporters, à dire que c’est ce que les supporters souhaitent. Ils n’ont pas jugé bon de nous consulter, alors qu’ils savent qui on est, mais ils ont quand même besoin de nous pour apporter une légitimité. C’est ce qui nous a poussés à nous positionner.”
Hervé Mougin, président des Irrésistibles Français, abonde auprès de franceinfo: sport : “C’était important de se positionner, et de faire passer le message. Ils ne peuvent pas habiller leur décision de notre accord, parce qu’ils ne l’ont pas.” Tout comme les deux groupes français, 58 organisations ont signé le document, et le soutien ne cesse de grandir.
“On a mobilisé des supporters des six confédérations [AFC, CAF, Concacaf, Conmebol, OFC et UEFA], et on a eu du mal à trouver des fans actifs qui sont favorables au projet”, dévoile Ronan Evain. Des sondages internes ont été menés en France et dans les îles britanniques, avec des résultats sans appel : plus de 90% des interrogés préfèrent conserver le format tous les quatre ans.
“Cette réforme va invisibiliser le foot féminin”
“En tant que supporter, ce qui fâche, c’est de mettre fin à presque un siècle de tradition, c’est de dénaturer ce qui fait que cette compétition est exceptionnelle”, pointe le directeur général de FSE. Hervé Mougin craint, lui, que les déplacements pour accompagner les sélections deviennent difficiles, voire impossibles, avec un tournoi tous les ans (Coupe du monde et Euro, qui passerait lui aussi sur une organisation biennale). “On va perdre certains supporters actifs qui font vivre les tribunes, les stades et les compétitions”, regrette-t-il.
“Nous n’avons ni le temps, ni l’argent, ni la capacité de nous rendre à l’autre bout du monde tous les 24 mois pour voir nos équipes jouer dans une compétition dévalorisée et des stades à moitié vides […] Nous ne voulons pas et n’avons pas besoin de plus de Coupes du monde”, plaident d’ailleurs les 58 associations dans le communiqué.
Hervé Mougin soulève enfin un autre problème : quid des compétitions féminines ? “Cette réforme va écraser et invisibiliser le football féminin, alors même que les instances sont censées travailler sur son développement. On va se retrouver à devoir choisir, avec les Irrésistibles Français, qui aller soutenir entre nos équipes de France.”