Francefootball.fr | 06.06.2015 | Par Cédric Chapuis

Présent dans les tribunes du Stade de France depuis treize ans, Fabien Bonnel est un des leaders des « Irrésistibles Français » et anime le virage Nord les soirs de match. Un rôle tout sauf évident, mais qu’il n’entend pas lâcher.

Le Stade de France, ses matches de l’équipe de France et… ses tribunes pas toujours enjouées. Certains clichés sont éternels, et celui entourant le public des Bleus en fait partie. Pourtant, une partie du virage Nord, peuplée d’« Irrésistibles Français » (l’association officielle des supporters de l’équipe de France) donne de la voix pour « faire bouger les choses ». Fabien Bonnel en est l’un des leaders, et joue même le rôle de ”capo”, mégaphone ou micro en main, les soirs de match.
« Ça fait treize ans que je suis au Stade de France, et pendant pas mal de temps, on vivotait à une centaine de personnes, avec des moyens limités, raconte-t-il. On n’avait pas la possibilité de rentrer des grands drapeaux ou des mégaphones. » Dans ces conditions, et à une époque où le fossé entre les Bleus et leur public était énorme, comment entraîner toute une tribune ? « C’était très dur ! Il y a eu des moments où, en sortant du stade on était blasés… Ici, le public ne vient pas en virage en connaissance de cause, mais parce que les places sont moins chères. Et il nous est arrivé de recevoir des bouteilles, des sandwiches ou des gâteaux parce qu’on était debout et qu’on chantait… »

Quand Varane et Pogba cassent les barrières

Mais ça, c’était avant. Notamment car depuis 2012, la FFF aide les «Irrésistibles Français» à faire de leur tribune le coeur du stade de France. « Quand on achète les places, il est écrit que c’est une tribune debout. Ça incite les gens à venir dans cette optique, ça leur fait comprendre que quand ils viennent dans la tribune basse du virage Nord, ils sont dans la tribune supporters. Et maintenant, c’est la personne qui reste assise au milieu de la tribune qui est mal vue. »
Comme sur le terrain, le tournant a eu lieu en novembre 2013, à l’occasion de France-Ukraine en barrage retour à la Coupe du monde (3-0). « Au-delà de la qualification, il y a eu le fait que les joueurs soient venus d’eux-mêmes vers notre tribune. Au début, il se sont arrêtés au niveau de la ligne de but, mais Varane et Pogba sont passés par-dessus les panneaux publicitaires et se sont presque jetés sur nous en entraînant les autres joueurs. Ça nous a marqués, parce que c’était un moment de communion inédit après un match de fou, et parce que c’est la nouvelle génération qui avait pris l’initiative. En terme de visibilité, on a beaucoup été identifiés ce soir-là. »

«Fier de voir les Parisiens reprendre des chants marseillais et vice-versa»

Tellement identifiés que le nombre d’adhérents est passé de 400 fin 2013 à 1 200 un an plus tard ! « Avant, on avait les places dans une banane et on les distribuait à la main en quelques minutes. Maintenant on a demandé un guichet parce que pour France-Brésil, on avait plus de 1 800 places à distribuer ! » Habitué des virages d’un club important de L1, Fabien Bonnel estime, malgré cette évolution, que les IF n’ont « pas le potentiel pour rivaliser avec un public de club». Question de culture.
« L’équipe de France rassemble un grand nombre de passionnés, mais le public français a du mal à passer au-dessus des rivalités de club pour se rassembler derrière l’équipe nationale, qu’il aime bien pouvoir chambrer », explique-t-il. Pas question cependant pour lui de lâcher l’affaire : « Si j’y avais pensé, j’en aurais eu l’occasion en treize ans… » Rassembleur dans l’âme, Fabien se dit notamment « plutôt fier de voir dans notre tribune les Parisiens reprendre des chants marseillais, et vice-versa ». Sur le terrain comme en tribunes, certaines barrières sont tombées. Bientôt au tour des clichés ?