Les Irrésistibles Français, gardiens du temple
Stadito | 13.06.2018 | Par Lorisito
« Faire du Virage Nord du Stade de France un virage bouillant »
« On est une vraie famille. Solidarité entraide et amitié sont au cœur de l’association. » Guillaume, 20 ans, a rejoint les IF un fameux soir de 2013 avant un France-Ukraine, et s’investit depuis pour supporter l’Équipe de France.
Les Irrésistibles Français ont su relever un défi : les supporters français pâtissent d’une certaine image dite de « footix » post 98 : « Le problème c’est que les médias raffolent des mecs qui mettent des perruques bleu blanc rouge. Ils préfèrent avoir le guignol avec son coq sur la tête, ses peintures partout en photo que le « lambda » avec son maillot ou t-shirt de l’asso ». Le changement de mentalité chez les supporters des Bleus, Guillaume le constate avec satisfaction : « Le but c’est de grossir en termes d’adhérents, mais aussi en qualité. Les étendards, chants ou tifos font partie de la culture ultra. Nous voulons faire du Virage Nord du Stade de France un virage bouillant ».
Une culture plus ultra dans un contexte qui ne s’y prête pas
Partis du constat que le stade était « mort » et après la fermeture du Club des Supporters en 2006, certains ont pris leur courage à deux mains et, contre vents et marées ont persisté pour vivre leur passion. Fabien, un des créateurs et responsables du groupe a connu toutes les difficultés avant de s’imposer dans les tribunes : « Depuis 2002 on était actifs avec un noyau d’une vingtaine de personnes. Mais on se faisait insulter, on recevait des sandwiches dans la tête… Les gens ne comprenaient pas qu’on puisse rester debout et agiter des drapeaux plutôt que rester assis pour regarder le match ». Officiellement créés en 2010, les Irrésistibles Français ont donc connu dans les années 2000 ce que les groupes ultras ont pu connaitre en club dans les années 80. Mais cela ne les a pas empêché de grandir jusqu’à leur premier tifo (le 29 Mars 2016 avant France-Russie). Aujourd’hui, l’association compte 1 200 adhérents, et son but est d’être « un douzième homme, un acteur du match ».
Des membres supporters de tous les clubs
Cette culture ultra a été apportée par les créateurs qui ont visité beaucoup de stades (Lens, Marseille, Paris…) et qui ont souhaité adopter une mentalité plus proche de ces tribunes. Mais elle est aussi du fait de ses adhérents, parfois membres à l’année de différents groupes : « On a des gars qui sont membres de gros groupes français. On a aussi des non-ultras, tous les profils entre 6 et 78 ans » explique Fabien. Adversaires toute l’année, certains se rassemblent donc pour chanter ensemble sous la bannière des IF. Chants d’ailleurs qui sont souvent dérivés de ceux des clubs : « C’est plus difficile pour nous, t’as 5 matches dans l’année et faire prendre un chant c’est pas comme quand tu te rassembles chaque semaine. Mais voilà, on a un groupe de travail, on sait ce qui se passe dans d’autres tribunes et on peut s’en inspirer. Reprendre des airs des clubs c’est aussi une manière de ne pas partir de zéro. On a des gens qui chantent des airs de leur club rival. Bon et sans doute aussi certains qui attendent le chant suivant (rires). Mais ça montre l’unité des français ».
La Coupe du Monde, nouvelle étape dans l’histoire du groupe
Irrésistibles. Ce nom, c’est Fabien qui l’a trouvé, s’inspirant de l’expression des « Irréductibles Gaulois ». Aujourd’hui il se prépare à vivre cette Coupe du Monde dans les tribunes avec 300 autres adhérents qui feront le voyage en terre Russe : « La Coupe du Monde c’est l’amitié et la fête. En 2014 le Brésil c’était formidable, on a hâte d’aller en Russie ! ». Et si certaines menaces venant de groupes hooligans russes pèsent sur les visiteurs, les IF ne s’en préoccupent pas, expliquant que chaque compétition est sujette à de tels propos de la part de certains locaux : « Non on ne pousse pas la fonte tous les jours pour se préparer (rires) ! On a totalement confiance en la sécurité et on ne cachera pas nos couleurs. On y va pour supporter l’Équipe de France et faire la fête ».