La Nouvelle République | 24.06.2021 | Par Sébastien Bourcier | photo : Kin-Wai YUEN

Tests PCR, déplacements en train ou en voiture… Les supporters de l’équipe de France déplacent des montagnes pour encourager les Bleus. Avec succès. Les Irrésistibles Français ont réussi à fédérer derrière eux et à favoriser une belle ambiance autour de l’équipe de France. Une des réussites de ce premier tour.

Sur son maillot, pas de nom de joueur floqué mais « France » à la place. Le numéro ? Douze évidemment. Parce que lui et sa bande d’« Irrésistibles Français » constituent assurément le 12e homme derrière Hugo Lloris et les siens.

Hervé Mougin est le président du principal groupe de supporteurs des Bleus (1), revendiquant près de 1.600 membres. Ce Dijonnais né à Montbéliard a certes de l’affection pour le FC Sochaux mais son unique amour s’appelle France. « Dans notre association, on gomme les différences de clubs. On ne vient pas en tribune avec un maillot du PSG, une écharpe de Lens ou une casquette de Lyon. Nous avons 87 départements représentés et 18 pays. Il y a des Français à l’étranger mais aussi un Vénézuelien, fan des Bleus depuis Platini et Amoros, un Russe de Sibérie qui a un tatouage de Zidane, un Albanais, un Biélorusse, un Libanais, ainsi que 1.400 Indiens supporteurs de l’équipe de France avec qui nous sommes en train de créer un partenariat ! »

La date de création des « IF » ne s’invente pas : le 10/10/10, sur les braises encore chaudes du fiasco de Knysna lors du Mondial sud-africain. Les choses se décantent avec l’arrivée au pouvoir fin 2011 de Noël Le Graët, qui nomme immédiatement un référent supporteurs (Florent Soulez) au sein de la FFF. « Tout a changé, se souvient Hervé Mougin. Nous avons obtenu le droit d’être debout en tribune avec les drapeaux – ce qui paraît naturel pour n’importe quel groupe de Ligue 1 et Ligue 2 depuis des dizaines d’années – en septembre 2012 au stade de France. »

221e match en tribunes

Depuis, l’engouement est allé croissant au sein des « Irrésistibles Français », pour le plus grand bonheur du sélectionneur : « Nous avons une réunion annuelle avec Didier Deschamps et des représentants des joueurs. Deschamps m’a dit : “ Entre le stade de France que j’ai connu en tant que joueur et aujourd’hui, j’ai l’impression de jouer à domicile. ” Il y a des joueurs avec qui nous avons de très bonnes relations, comme Olivier Giroud ou Lucas Hernandez qui viennent à notre rencontre, d’autres sont un peu plus renfermés. »
Pour le président des Irrésistibles français, ce Portugal – France est le 221e match des Bleus auquel il assiste. Il savoure la réussite actuelle de ses protégés : « J’ai vécu par le passé 2002, 2004… 2010, j’étais à Knysna, à l’époque les supporteurs se connaissaient tous par leur prénom tellement y en avait peu ! »

Venu à Budapest en voiture avec deux acolytes et ayant retrouvé nombre d’irréductibles Irrésistibles sur place, ce quadragénaire père de deux enfants, le confesse : « La moitié du match, je regarde plus la tribune qu’autre chose. C’est un sacerdoce, un engagement, une passion autour de l’équipe de France et de vouloir gérer les choses autour. Un amical en Corée du Nord, un Euro, une Coupe du monde sur la lune, j’y serais ! »

(1) Il en existe une petite quinzaine, ce qui représente trois mille adhérents.