Eurosport.fr | 26.06.2021 | Par Martin Mosnier | photo : Getty Image

EURO 2020 – Longtemps ringards ou muets, les supporters de l’équipe de France ont commencé à donner de la voix depuis quelques années et l’ambiance a changé autour des matches de l’équipe de France. Quelques ultras, un travail coordonné avec la FFF et voilà la France enfin dotée de groupes de supporters qui ont sorti les matches des Bleus de leur torpeur. Zoom sur une vraie métamorphose.

La deuxième basilique de Saint-Denis. Voilà comment le Stade de France fut surnommé durant bien longtemps en raison du silence de cathédrale qui y régnait les jours de match. Mais depuis quelques années, des supporters ont donné vie à ses tribunes et les Bleus charrient avec eux quelques vrais mordus prêts à se faire entendre. Il fallait voir le cortège des supporters débarquer au stade Ferenc-Puskas avant la rencontre face au Portugal, mercredi. A perte de vue, du bleu, des chants, des pancartes sur le boulevard Thököly Ut de Budapest et des Hongrois aux balcons pour regarder le spectacle. Une “fan walk”, selon le terme officiel, bleu-blanc-rouge. C’était inimaginable il y a quelques années encore, cela incarne à merveille la métamorphose des supporters de l’équipe de France.

Quand on chantait, qu’on se levait dans les années 2000 et au début des années 2010, on recevait des canettes et des Pitch sur la tête, se souvient Fabien Bonnel, membre fondateur des Irrésistibles Français, le principal groupe de supporters des Bleus. On nous insultait et les vigiles nous faisaient asseoir.” Les supporters des Bleus n’ont alors pas bonne presse. Footix, ringards, beaufs, ils véhiculent des clichés qui leur font du tort. “Supporter les Bleus, c’était mal vu chez les groupes d’ultras des clubs de L1, témoigne Kin, administrateur des “IF”. A la télévision, on ne voyait que des personnes déguisées pour passer à la télévision. C’était ringard. D’autant que l’ultra de club est d’abord concentré sur sa ville et sa région, pas sur son pays.

Le tournant : 2013, France – Ukraine et Euro 2016

Mais les mentalités évoluent et les temps changent. Le tournant a lieu au début de l’année 2013. Alors que l’Euro 2016 se profile, la FFF choisit d’ouvrir le dialogue. “Jusqu’ici, elle était réfractaire aux supporters. A partir de ce moment-là, elle discute avec nous, continue Fabien Bonnel. On a pu avoir notre tribune dédiée, on a fait rentrer notre matériel d’animation et les gens sont venus peu à peu se greffer. Ca a tout changé.” Alors qu’un petit groupe de supporters issu de la section Ile-de-France fait vivoter l’ambiance en tribunes, alors que l’association des Irrésistibles Français est créée le 10/10/2010 à 10h10 (en hommage à Michel Platini et Zinedine Zidane), il faut attendre l’année 2013 pour que les tribunes prennent vraiment vie.

Mais les mentalités évoluent et les temps changent. Le tournant a lieu au début de l’année 2013. Alors que l’Euro 2016 se profile, la FFF choisit d’ouvrir le dialogue. “Jusqu’ici, elle était réfractaire aux supporters. A partir de ce moment-là, elle discute avec nous, continue Fabien Bonnel. On a pu avoir notre tribune dédiée, on a fait rentrer notre matériel d’animation et les gens sont venus peu à peu se greffer. Ca a tout changé.” Alors qu’un petit groupe de supporters issu de la section Ile-de-France fait vivoter l’ambiance en tribunes, alors que l’association des Irrésistibles Français est créée le 10/10/2010 à 10h10 (en hommage à Michel Platini et Zinedine Zidane), il faut attendre l’année 2013 pour que les tribunes prennent vraiment vie.

Le tournant, c’est le barrage France-Ukraine, explique Kin. C’est notre acte de naissance. Ce soir-là, les spectateurs sont devenus supporters.” Un déclic. Depuis, on assiste à une montée en puissance. “La fan walk avant le Portugal, c’est une sorte de consécration, se réjouit Fabien Bonnel. Ce jour-là, il n’y avait pas beaucoup d’Irrésistibles Français dans le cortège mais la fan walk a vécu toute seule avec des chants qu’on a importés au stade. On a gagné notre pari, il y a désormais une culture supporters au sein du public des Bleus.
Avec quelques incontournables désormais, notamment le “Shalala, champion du monde” devenu un must et qui offre une vraie alternative au sempiternel “Allez les Bleus”.

Une vraie culture supporters désormais

C’est difficile d’instaurer des chants et des réflexes quand on a un match tous les cinq mois. Alors, on reprend des airs de clubs de L1 qu’on réadapte“, continue-t-il. La FFF soutient ses clubs de supporters avec des tarifs préférentiels (entre 10 et 15 euros la place pour les membres du club au Stade de France avec une cotisation de 20 euros annuelle) et un quota de places réservées lors des grandes compétitions. Avant le Covid, la FFF comptait 18 000 membres chez les différents clubs de supporters, dont 50% chez les moins de 35 ans.
L’image du supporter des Bleus a changé, note Maxime Guillemet, chef de projet Club des supporters à la FFF. On a une vraie relation de confiance avec eux. On a différents publics : du grand public, des supporters ultras, des familles. Désormais, on a réussi à ce que chacun trouve sa place et on veut aussi des supporters actifs. Aujourd’hui, nous sommes la nation européenne qui a vendu le plus rapidement son quota de places pour l’Euro. En 2019, tout est parti en moins de 48 heures. Bien sûr, les résultats aident mais il y a aussi une vraie culture supporters désormais.

7550 à Budapest, record battu


Mieux structuré que les Anglais mais encore en retard sur les supporters des nations de l’est (“beaucoup plus nationalistes et concernés par leur sélection“, décrypte Kin), les Français émergent et commencent à exister. Les “IF” regroupent aujourd’hui des ultras du PSG, de l’OM, de Nice, de Bordeaux, de Lens ou de Saint-Etienne et comptent 1000 membres (1800 avant la crise du Covid). Ils ont donné vie à la deuxième basilique de Saint-Denis et se font désormais entendre aux quatre coins de l’Europe. A Budapest mercredi, ils étaient 7550 supporters des Bleus. Décidément, supporter les Bleus n’a jamais été aussi tendance.