Les IF, CHAMPIONS D’EUROPE DES SUPPORTERS
Du 28 au 30 juin à Lviv en Ukraine, nous avons participé à l’Eurofanz – la coupe d’Europe des supporters – pour la troisième année de suite. Après une troisième place en 2017 et une deuxième place l’an dernier, l’ambition pour cette troisième participation était évidemment d’aller chercher le titre.
En foulant le sol ukrainien, les attentes de l’équipe prenaient deux directions: passer un bon moment en cassant la routine d’un côté et de l’autre: faire aussi bien que lors des deux précédentes éditions en jouant le dimanche (jour des demi-finales et finale). Mais tous se sont entendus pour ne faire qu’un objectif qui reste la motivation de l’IFFC dans ses rencontres officielles: profiter à fond du séjour avec tout le monde avec l’objectif de gagner le trophée !
Nous avons débuté la première journée du tournoi par :
IFFC 7 – 1 Lettonie
Buts: Mehdi D, Maxime, Tarik, Mehdi D, Jérémy, Damien C, Damien C.
IFFC 4 – 0 Heerenven
Buts: Nicolas L, Mathieu (penalty arrêté), Mathieu, Mehdi D, Frédéric.
IFFC 1 – 2 Tchéquie
But: Mathieu.
Après la déception du dernier match avec une défaite contre les supporters tchèques, direction les douches. Nous nous étions renseignés et aucun bar ne diffusait le quart de finale du mondial féminin. Rendez-vous donc dans un restaurant en bordure de forêt près des terrains où nous avions match. Entre deux grillades, nous étions rivés sur nos smartphones pour essayer de suivre la rencontre entre la France et les Etats-Unis. Certains profitant du décalage des diffuseurs pour réagir aux actions et spoliés les copains.
IFFC 1 (4) – (2) 1 Biélorussie
But: Fehti,
Tirs au but: Maxime (arrêté), Mehdi A, Frédéric, Fehti, Mehdi D.
Le quart de finale a ensuite été expédié contre l’équipe la plus sympathique du tournoi. Le dernier carré atteint, les choses sérieuses débuteront dimanche.
IFFC 4 – 1 Eintract Francfort
Buts: Jérémy, Jérémy, Nicolas L, Maxime.
Demi ? Pas Demi ? Contre quel adversaire ?
Une fois rentré à l’hôtel et alors que nous étions tous à l’apéro, un message est envoyé à l’organisateur pour connaître le score du dernier quart de finale entre Newcastle et la Tchèquie, et donc notre prochain adversaire. Nous avions quitté le stade sur le score de 2-2 (match en cours) avec le capitaine de Newcastle qui nous avait dit dans la matinée en rigolant qu’ils rentreraient en Angleterre dimanche matin. Victoire de Newcastle…
Problème : il n’y a rien dans le règlement du tournoi qui prévoit ce scénario. L’organisation annonce que le responsable de Newcastle aurait donné son pouvoir aux Tchèques pour qu’ils jouent la demi contre nos IF. Kin, le capitaine, refuse au nom du groupe, prétextant que ça n’arrive jamais dans aucune compétition sportive qu’un forfait soit remplacé par l’équipe qui l’a battue pour la suite de la compétition. D’autant plus que l’équipe tchèque avait été truqueuse toute la journée : simulations, plongeons, cinéma à chaque contact et avait été violente sur le terrain. Après le coup de sifflet final de notre match de poule contre eux, l’un de leurs joueurs avait insulté en anglais plusieurs de nos joueurs. Une explication virile a été nécessaire devant tous ses coéquipiers en lui expliquant qu’on pouvait se donner sur le terrain, faire des fautes, être rugueux, mais qu’en dehors du terrain, nous étions des hommes et qu’il fallait faire preuve de respect.
Toute l’équipe est unie dans la décision d’attendre les joueurs de Newcastle et de ne pas jouer les Tchèques. Ils sont éliminés, ils n’ont plus rien à faire là, surtout suite aux comportements ne correspondant pas du tout à l’esprit du tournoi. Les organisateurs décident par un communiqué Facebook à 0h30 qu’une séance de tirs aux buts entre les 4 éliminés des quarts déterminera notre adversaire. Et, comme le hasard fait bien les choses, les Tchèques en sortent vainqueurs (ils n’étaient que 3 équipes à s’être présentées pour ce tournoi de tirs aux but, l’Eintract Francfort refusant de participer à ce « repêchage »).
Fatigué de deux jours de compétitions, avec de nombreuses blessures et après une longue soirée qui ne devait nous mener qu’à une finale à 13h00, l’IFFC se soude en vrai collectif. La décision est prise de ne pas boycotter le match suite aux imbroglios d’organisation de la veille. Un sentiment de revanche du match de poule et une grosse motivation remplissent les joueurs pour aller chercher la finale. Le groupe est uni et déterminé à aller chercher la victoire. Cette cohésion est marquée par le discours de Mehdi qui remobilise les IF suite au forfait de Frédéric (blessé lors du quart de finale). « On doit se sacrifier les uns pour les autres si on veut gagner ce match. ». Ouverture de la marque de Mathieu. L’égalisation tchèque n’ébranlera pas la détermination française. Maxime nous redonne l’avantage et nous ouvre les portes de la finale.
IFFC 2 – 1 Tchéquie
Buts: Mathieu, Maxime.
Retour dans les tribunes du Stade Ukraina – le stade de 28 000 places construit en 1963 – où joue le club local: le Karpaty Lviv et dont ses supporters ont crée le tournoi. Nous regardons l’autre demi-finale. Le Dinamo Bucarest, déjà affrontée deux fois lors des deux dernières éditions (victoire miraculeuse en quart il y a deux ans, défaite méritée en finale l’année dernière) est favori mais se fait bousculer par une très bonne équipe ukrainienne. Le 2-2 est un hold-up roumain tellement les Ukrainiens étaient plus forts. Ces derniers s’en sortent tout de même en remportant la séance de tirs au but. Ce sera donc un France – Ukraine en finale, avec arbitrage « local ». Ça ne vous rappelle pas un 13 novembre 2013 ?
La Finale
Avant le match, les coachs dédramatisent : « Ils sont chez eux, favoris, vous l’avez vu avant, ça joue et ça combine très bien. Notre force sera de tout donner car quoiqu’il arrive, on aura déjà réalisé un excellent tournoi ! ». Souvenir de l’année dernière où on avait perdu le match rien que dans le surplus d’émotion au moment des hymnes. Cette année, c’est peut être pendant les hymnes que le match s’est gagné. Face à nos joueurs pendant qu’ils chantaient la Marseillaise, dos aux caméras, une partie du public est plus qu’hostile avec des jets de fumigène, pétards et gestes nazi. L’envie de gagner est plus forte que jamais.
Sur le terrain, l’ambiance est plus sympa mais il fait très chaud, 30 degrés. Plus que tout le week-end jusqu’à présent: ça se voit à tous les coups de soleil reçus. Certains demandent à sortir au bout de dix minutes tellement ils sont asphyxiés par les allers-retours. Les arrières latéraux souffrent beaucoup. Nicolas C – spécialiste de demi-fond et avec la meilleure condition physique – donne tout sur son aile pour venir presser les Ukrainiens. Les minutes passent : « Il reste combien de temps ? » « 17 minutes. » répond Damien en consultant son chronomètre. « Il reste combien de temps ? » « Toujours 17 minutes ! »…
Le banc souffre en voyant les 11 joueurs se prendre des vagues successives. Notre gardien Julien réalise exploit sur exploit. Les coachs choisissent de fermer le jeu à 10 minutes de la fin et d’aller chercher les tirs au but. Julien étant bon dans cet exercice. Coup de sifflet de l’arbitre, objectif atteint, le titre se jouera sur une dernière séance de tirs au but.
Épuisés par la fatigue et la chaleur, il n’y a pas beaucoup de volontaires pour les tirer. Maxime, blessé à la cheville pendant la finale et ayant raté en premier contre les Biélorusses en huitième, passe son tour alors que c’était l’un des tireurs de penalty désigné au début du tournoi. Mehdi est de nouveau volontaire pour tirer en dernier. Kin, Fehti, Frederick et Dom se portent volontaires également. Les IF gagnent le tirage au sort et choisissent de commencer pour mettre la pression aux Ukrainiens.
1er tireur, Kin s’avance depuis le rond central et voit le gardien adverse faire le clown et prendre la balle. Tout le groupe : « Kin refuse le ballon, il veut te déconcentrer ! ». Il s’arrête aux 16 mètres 50, se retourne, ignore le gardien et en profite pour haranguer le groupe français. Au moment de tirer, il prend conscience de tous les penaltys qu’il avait tirés jusqu’à présent, toujours de la même façon, mais qui n’avait pas une aussi grosse importance. Pied ouvert : 1-0.
Premier tir ukrainien, arrêté par Julien. Il fait signe au groupe uni au milieu du terrain: « C’est dans la tête les gars ! ».
Dominique se présente en second tireur. Coups de pétards dans les tribunes pour le déstabiliser et frappe plein axe. Le gardien n’anticipe pas assez et l’arrête. Sur l’instant, Dominique a le sentiment que tout s’écroule et les larmes lui montent aux yeux. Mais en regagnant le centre du terrain, le groupe vient directement le voir pour le réconforter. Ça lui fait un bien énorme d’autant qu’il y a toujours 1-0 pour nous.
Julien, dans ses buts, est en état de grâce : deuxième tir, sorti aussi ! Troisième, il est tout proche ! Ça sert vraiment toute sa semaine d’entraînement. En effet, l’IFFC a participé à un tournoi de foot à 7 dans son club, le samedi précédent l’Eurofanz. Julien avait joué dans 5 équipes dont la nôtre et avait remporté toutes ses séances. Il ne peut tout de même rien faire sur une magnifique panenka en lucarne du meilleur joueur ukrainien qui pensait pouvoir le calmer…
Mais les Français restent toujours devant après la frappe croisée de Fehti et la lucarne surpuissante de Frederick ! 3-2 ! Il reste un tireur de chaque côté.
Mehdi, pourtant volontaire pour le cinquième et peut-être dernier tir, s’est laissé envahir par le stress au tout début de la séance. Stress à son comble au moment du tir de son frère Fehti. C’est à lui que peut revenir l’honneur de sceller la victoire. Avec sa dégaine de joueurs des années 1980, chaussettes basses, short relevé, maillot un peu large pour son torse frêle, il se lance vers le point de pénalty. Le chemin avant de poser le ballon parait interminable. Le stress est toujours là mais laisse place progressivement à la concentration et la sérénité. L’arbitre tentera de le déstabiliser en lui faisant replacer un ballon pourtant bien mis sur le point de penalty. Sous les sifflets des tribunes, il choisit la frappe croisée. Le gardien part du bon côté mais le ballon est trop loin pour lui et vient caresser le petit filet. C’est la délivrance !
Les joueurs se sautent tous dessus sur la pelouse. Ça fait fermer les bouches de tous les abrutis en tribune, de tous les arbitres qui voulaient nous voir tomber. Il y a des débuts de larmes. Ce sont des gros efforts qui aboutissent depuis la finale perdue l’année dernière qui font ressortir toute l’émotion. Des sacrifices aussi pour certains pères de famille qui ont dû laisser femme et enfant pour ce week-end. Des heures de travail pour arriver avec une condition physique acceptable. Des efforts financiers aussi pour d’autres venants de très loin. Les joueurs pensent à tous les copains qui ont suivi le match diffusé sur internet et qui ont dû souffrir comme eux.
IFFC 0 (4) – (2) 0 Ukraine
Tirs au but: Kin, Dominique (arrêté), Fehti, Frédérick et Mehdi
Après cette liesse, les joueurs patientent en bas de la tribune avant d’aller soulever le trophée. Les demi-finalistes, les finalistes et les trophées individuels sont remis avant. Le DJ Albert, nouvel arrivée dans l’association, sort son enceinte portable et fait cracher du Saga Africa en réponse à tous les bras tendus pendant nos Marseillaise.
L’IFFC grimpe les marches en chantant Vegedream, vous l’avez tous en tête, « Ramenez la coupe à la maison ! ». Kin monte en dernier, un drapeau IF sur les épaules, et rappelle au groupe le contexte particulier du tournoi 2018 : la finale de l’EuroFanz se jouait le même jour que la finale de la Coupe du Monde et les joueurs sur place n’avaient pas pu lancer le premier « Chalala Champions du Monde » avec les supporters à Moscou. Ils seront donc les premiers à lancer « Chalala CHAMPIONS D’EUROPE »
Les joueurs sont aspergés de coca et de bière locale. Le groupe descend les marches et va s’amuser avec la coupe sur la pelouse pendant que Kin répond aux TV locales puis va voir l’un des organisateurs du tournoi (notre contact ukrainien depuis plusieurs années) pour lui offrir un t-shirt et écharpe champions du monde. Il en profite pour demander plus de sérieux sur l’organisation qui n’évolue pas depuis 3 ans et sur les conditions très limites du tournoi, soutenu par d’autre capitaines d’équipes occidentales.
Les Irrésistibles Français retiendront la victoire d’un groupe soudé. Un esprit de camaraderie, des bons moments de rigolades, la découverte de nouveaux adhérents, une solidarité dans l’effort… Un vrai collect-IF qui évolue, grandit, s’ouvre et gagne.
Ah oui, vous avez remarqué le papy sur les photos ? C’est un Ukrainien passionné de la France qui était déjà venu voir l’IFFC à tous les matchs l’année dernière. Après la finale perdue, il avait demandé si nous avions un souvenir de la France pour lui. Kin lui avait offert le maillot qu’il portait au stade lors de la demi-finale de Coupe du Monde à Saint-Petersbourg. Cette année, il l’a porté durant tout le tournoi. Juste avant de jouer la finale, les IF ont tous participé à une cagnotte pour ses petits-enfants ainsi lui ont offert un t-shirt et une écharpe Champions du Monde. Ses larmes de bonheur au moment où les Français ont soulevé le trophée n’avaient pas de prix.
Merci à tous les IF qui nous ont donné des jouets, des vêtements et de l’argent pour les orphelins de la ville. Ils viennent à chaque fois au stade habituellement avant la finale pour recevoir les dotations des équipes mais cette année ils n’ont pas pu. Qu’à cela ne tienne, certains IF sont allés à leur orphelinat leur déposer tout plein de cadeaux le midi avant de partir à l’aéroport. Quatre d’entre eux ont même quitté leur sieste pour venir nous montrer leur joli sourire.
Une belle action, de la souffrance, du rire, des doutes, du plaisir et un titre de Champion d’Europe des Supporters.
Bravo l’IFFC!
Pour en savoir plus sur notre équipe, rendez-vous sur la page irresistiblesfrancais.fr/association/if-football-club/.