Europe1.fr | 04.06.2016 | Par Julien Ricotta

Les matches de l’équipe de France sans ambiance, c’est fini ! Désormais, les stades chantent pour les Bleus. 

Un stade plein, des maillots bleus partout et des chants toute la rencontre. La victoire de la France contre le Cameroun (3-2), lundi au stade de la Beaujoire de Nantes, s’est déroulée dans une ambiance de fête. A quelques jours de l’Euro, malgré les polémiques (et les sifflets contre Giroud…), l’équipe de France peut compter sur son douzième homme. Un changement radical, alors que pendant des années les tribunes du stade de France ressemblaient davantage à un cimetière qu’à une enceinte de foot.

Le tournant : France-Ukraine

A l’Euro 2012, le constat était sévère pour les fans des Bleus. Seuls quelques centaines de Français avaient fait le déplacement en Ukraine, bien loin des dizaines de milliers de Suédois, d’Allemands ou d’Anglais. Lors des rencontres à domicile, c’est encore pire : de longs moments de silence, seulement entrecoupés de sifflets et des cris… des supporters adverses. Mais tout a changé en novembre 2013, lors du barrage retour pour le Mondial 2014. Battus à l’aller (2-0), les Bleus jouent leur place au Brésil au stade de France.

L’équipe de France flambe (victoire 3-0), et le Stade de France s’embrase. Fabien Bonnel, un des responsables des Irrésistibles français, l’association de fans tricolores la plus active (1.200 membres), se souvient de cette soirée folle. “Je ne sais même pas si on pourra revivre une telle ambiance, même si on va en finale de l’Euro. Il y avait une telle pression, un tel enjeu que ça a transcendé les joueurs et le public. Ce soir-là a été un virage”, abonde Fabien Bonnel, interrogé par Europe 1. Absent de l’Euro, Mamadou Sakho peut se consoler : ses deux buts contre l’Ukraine, en plus de qualifier les Bleus, ont réveillé les fans.

Le “club des supporters” fait le plein

Pour capitaliser sur cette ferveur, la Fédération française de football a décidé d’aider au développement d’un vrai douzième homme derrière les Bleus. En mai 2014, juste avant le Mondial, la FFF a lancé le “club des supporters de l’équipe de France”. Moyennant une adhésion de 20 euros, les adhérents bénéficient de tarifs préférentiels sur les billets ou les maillots. Surtout, la fédération a réservé la vente des tickets pour les matches des Bleus à l’Euro aux seuls membres du club.

Deux ans après son lancement, la recette fonctionne : la FFF, qui espérait 50.000 membres avant l’Euro, en compte aujourd’hui plus de 120.000. L’effet Euro, sans aucun doute. Mais un réel changement de mentalité, aussi. Longtemps pointés du doigt, les fans des Bleus rattrapent doucement mais sûrement leur retard sur les grands pays de foot. Un vrai tour de force après des années d’encéphalogramme plat.

Une tribune “supporters” au stade de France

Alors, certes, les Bleus ne sont pas encore escortés dans le monde entier par une armée de supporters, à la manière de l’Angleterre, l’Allemagne ou les Pays-Bas. Au niveau de l’ambiance, ce n’est pas non plus l’Argentine, la Turquie ou la Pologne. Mais l’équipe de France est désormais soutenue : la FFF a ainsi mis en place une tribune “supporters” au stade de France, pour regrouper les fans les plus actifs dans un même secteur.

Résultat : une tribune animée par un noyau de quelques centaines de fans, avec des chants, des drapeaux et des écharpes, chose encore impensable il y a quelques années. En mars dernier, les Irrésistibles Français ont même réalisé un tifo avant France -Russie, une grande première au Stade de France. Mais la marge de progression est encore grande. “On espère que les gens qui veulent chanter se joindront à nous dans les années à venir. Le but, c’est d’avoir un “virage” bleu (une tribune de supporters actifs, ndlr)”, se prend à rêver Fabien Bonnel.

L’Euro, le grand test

Mais le vrai test pour les supporters, c’est l’Euro. A quelques jours du coup d’envoi de la compétition, l’équipe de France a en tout cas pu mesurer les progrès de ses fans. Les entraînements des Bleus à Biarritz se sont déroulés dans une belle ambiance, dans des tribunes pleines à craquer.

Le match contre l’Ecosse, samedi soir à Metz, sera donc un ultime test pour les supporters français avant le moment tant attendu : l’ouverture de l’Euro, le 10 juin contre la Roumanie, au Stade de France. “Je rêve d’une ambiance France-Ukraine”, espère Fabien Bonnel. Alors, pour vous chauffer les cordes vocales, regardez cette vidéo du fameux “clapping”, devenu une tradition d’avant-match des Bleus