France TV Info | 17.07.2018 | Par Elise Lambert

“Une vraie grosse déception”. Quarante-huit heures après la victoire des Bleus en finale de Coupe du monde, certains supporters tricolores ont du vague à l’âme. Pour cause, certains se sont déplacés, lundi 16 juillet, à Paris pour accueillir leurs “héros”, mais peu ont eu le temps de les apercevoir. Arrivé avec plus d’une heure de retard sur les Champs-Elysées, le bus des Bleus a descendu l’allée mythique en dix petites minutes avant de filer vers l’Elysée.

Sur Twitter, nombre d’entre eux ont exprimé leur déception, à commencer par les Irrésistibles Français, l’un des principaux groupes de supporters : “Nous n’oublierons jamais la honte des Champs lundi !”. Présent sur les Champs-Elysées lundi, le confondateur du groupe, Fabien Bonnel, garde, malgré la victoire, un “goût amer”. Franceinfo est revenu avec lui sur cette descente de “la plus belle avenue du Monde”.

Franceinfo : Comment avez-vous vécu la victoire ?
Fabien Bonnel : J’étais au stade, en Russie, pour la finale. Au coup de sifflet final, ça a été la liesse, la folie ! J’étais trop jeune pour sentir ça en 1998, mais là, avec tous les supporters, on a pleuré comme des gosses, on se serrait dans les bras, on cherchait des câlins auprès de tout le monde. On ne revivra jamais quelque chose de plus beau, je ne garde que des belles images.
Dans notre association, 300 personnes se sont déplacées, certaines pour toute la compétition, d’autres pour quelques matchs. Il y a eu beaucoup de sacrifices, en terme d’argent et de temps, pour pouvoir être présents et soutenir les Bleus.

On a été déçus sur une chose : que les Bleus ne soient pas venus nous présenter la Coupe à la fin du match. On s’attendait à ce qu’ils nous fassent partager ce trophée, pas le toucher ou l’embrasser, mais au moins nous le présenter. Mais ils sont partis. C’était la vraie déception.
Fabien Bonnel, cofondateur des Irrésistibles Français à franceinfo

Pourquoi être allé sur les Champs-Elysées ensuite ?
Fabien Bonnel : On était super épuisés à la fin – on a fait la fête dix heures d’affilée – mais si heureux. Malgré la fatigue, on voulait absolument accueillir les Bleus à Paris, lundi. On aurait pu les attendre à l’aéroport, mais les Champs-Elysées, c’est là qu’on pensait qu’il y aurait une communion énorme. Les “Champs”, c’est la fête populaire, c’est se retrouver tous ensemble. Et puis on avait tous en tête les images de 98, le bus des Bleus qui descend l’allée…. Vingt ans pile après cette première étoile, c’était symbolique, un moment historique qu’on ne voulait pas louper.

Le bus des Bleus est arrivé avec plus d’une heure de retard. Quelle était l’ambiance sur place ?
Fabien Bonnel : Je suis arrivé avec quelques supporters dès 13h30, le bus devait passer à 17h30 et est finalement passé à 19 heures. On était tous ensemble, les gens chantaient, agitaient des drapeaux, tout le monde était heureux. Moi, j’avais perdu ma voix à Moscou à force de trop chanter, mais sinon c’était très sympa ! On a raconté notre voyage en Russie, ce qu’on a vu. Avec des supporters, on s’est installés près du magasin Vuitton, on a essayé de s’écarter des arbres pour avoir une bonne visibilité. On se tenait informés de l’avancée des Bleus par nos amis ou sur les réseaux sociaux.

Quand le bus est arrivé, on a à peine eu le temps de voir les joueurs. C’était un passage éclair, je crois avoir vu Griezmann, Deschamps… Mais je ne me souviens même pas, ça a duré moins de 20 secondes.
Fabien Bonnel, cofondateur des Irrésistibles Français à franceinfo

Je n’ai rien filmé, j’ai applaudi, je voulais savourer l’instant présent. Je préfère avoir les images en mémoire que sur mon smartphone. Même mes amis qui filmaient ont à peine eu le temps d’appuyer sur “enregistrer”. Les joueurs étaient tous concentrés sur leur téléphone, c’est un peu dommage. Vivre un moment comme ça, et penser d’abord à le partager sur les réseaux sociaux… Vous êtes là, vivez-le. Mais bon, c’est une autre génération, c’est comme ça.

On ne peut pas reprocher aux joueurs de faire pareil que tout le monde avec les smartphones, mais c’était eux les stars. C’était eux qu’on attendait.
Fabien Bonnel, cofondateur des Irrésistibles Françaisà france info

Quand je vois comment les Croates ou Belges ont fêté leur retour, c’était vraiment différent. Ils chantaient et célébraient avec leurs supporters, comme nous en 1998. On voulait avoir l’impression d’être un minimum champions du monde avec eux, mais on ne l’a pas eu.

Certains estiment qu’Emmanuel Macron s’est “approprié” la victoire. Qu’en pensez-vous ?
Fabien Bonnel : Il était partout ! Que le président de la République soit aux côtés des joueurs pour une victoire en Coupe du monde, c’est à peu près normal, mais à ce point ! En termes de communication, je pense qu’il est très bon, et pour bien communiquer il faut avoir des images. Des bonnes images, c’est avec des joueurs.
Je ne sais pas qui a imposé aux Bleus de descendre aussi vite les Champs-Elysées, de ne pas dire un mot à leurs supporters… Peut-être que la personne qui gérait le planning n’a pas su dire à Emmanuel Macron de décaler d’une demi-heure la réunion à l’Elysée pour qu’on puisse savourer un minimum ce moment.

Je ne demandais pas que le bus soit bloqué, mais, de là à filer aussi vite pour faire la fête en comité restreint à l’Elysée… Ce n’est pas ça la fête populaire qu’on attendait. La fête a été loupée et je ne sais pas si un jour je la revivrai.
Fabien Bonnel, cofondateur des Irrésistibles Françaisà france info

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