L’arbitre de Châteaudun a vécu la Coupe du Monde dans les stades russes
L’Echo Républicain | 06.07.2018 | Par Philippe Provôt
L’arbitre Alexandre Chéron est de retour à Châteaudun après deux semaines en Russie. Parti une première fois avec le Bus des Bleus pour assister au match France – Australie, il y est retourné à titre personnel avec des amis pour supporter la France contre le Danemark et l’Argentine. La voix cassée, il raconte sa Coupe du Monde, avec l’espoir d’y retourner pour la finale.
Le Bus des Bleus ?
Membre des Irrésistibles français, il faisait partie des vingt-trois fans absolus de l’équipe de France qui ont traversé l’Europe en bus pour assister à un entraînement des Bleus, le 12 juin, à Istra, ainsi qu’à la rencontre France – Australie, à Kazan, le 14 juin. Loin de regretter ses 7.000 km et 96 heures de transport, sans compter les déplacements en train, il est revenu enchanté. Et pas uniquement parce qu’il a eu la chance de rencontrer les joueurs de Didier Deschamps à leur camp de base. « Je pensais que le trajet serait très long, notamment le retour. Finalement, c’est vite passé. Je ne connaissais que trois supporters au départ, mais des liens se sont vite tissés. On a formé une vraie équipe. Il y avait des gars de tous les âges, de 8 à plus de 60 ans, et de toutes les régions. Et même un Belge, supporter des Bleus. On s’est éclaté. Encore aujourd’hui, notre groupe whatsapp continue de vivre. »
L’ambiance en Russie.
Forcément, Alexandre Chéron se posait des questions autour de la sécurité, de sa sécurité. Y allait-il avoir du hooliganisme comme lors de l’Euro 2016 en France ? La présence policière et de l’armée « importante mais discrète » a été efficace : « C’est une vraie fête du football. Dans la rue, c’est la liesse, on rencontre des supporters de tous les pays. Ça chambre un peu, mais c’est bon enfant. Les Sud-Américains sont venus en masse et mettent une ambiance de dingue. Même après France – Danemark, où il y avait de quoi être dégoûté, on s’est laissé transporter par l’atmosphère joyeuse. Les résultats sont importants, mais ils ne prennent pas le pas sur ce qu’on vit au quotidien. »
France – Argentine.
Alexandre Chéron se serait cru à Mar del Plata, à Moscou, samedi. Il en a des frissons rien que d’en parler. « Quand l’Argentine a égalisé puis pris l’avantage, c’était vibrant. Les Argentins ne chantent pas tout le match mais lorsqu’ils s’y mettent, c’est incroyable ». Le match ? « Même à 2-1, je n’ai pas eu peur. Je sentais des vibrations positives. Mais je ne m’attendais pas à un tel score. Ce match n’est pas historique, mais il le deviendra si jamais les Bleus remportent la Coupe du Monde ». Au coup de sifflet final, une minorité d’Argentins ont cherché des noises aux Irrésistibles. « On est donc resté dans le stade à attendre que la police se mette en place et on est sorti sous bonne escorte. Puis tout s’est calmé… »
La Russie ?
Alexandre Chéron avait des préjugés sur la plus grande nation au monde. Il les a évacués. « C’est super-joli. J’ai profité de mes séjours à Moscou et Kazan pour visiter. J’ai beaucoup marché. » L’accueil des Russes est aussi une bonne surprise : « On sent qu’ils ont plus de libertés avec la Coupe du Monde. Mais, bizarrement, ils ne sont pas très supporters. J’ai vu leur huitième de finale contre l’Espagne dans une fan zone et ils étaient tous assis. »
Les stades.
L’arbitre n’a qu’un mot à la bouche : « Magnifiques ». Que ce soit à la Kazan Arena (Australie et Argentine) ou au stade Loujniki (Danemark), cadre de la finale, le 15 juillet, il a apprécié la modernité des enceintes, « avec des écrants géants et des pelouses superbes ». « À côté, le Stade de France paraît vieillissant ».
La finale le 15 juillet à Moscou.
Si jamais la France atteint la finale, la Fédération récupérera des places. Alexandre Chéron s’imagine bien effectuer un aller-retour express en Russie à cette occasion. « Ce n’est pas donné, 1.000 € environ ! Et ce n’est pas prévu que j’y aille. Mais dans le football, tout peut arriver… »
« Le VAR ? J’aime bien, c’est plus juste »
Arbitre de National 3, Alexandre Chéron est bien placé pour juger ses collègues qui officient au centre lors des matches de la Coupe du Monde. « Ils prennent généralement les bonnes décisions ». Le Dunois s’étonne, toutefois, de l’absence de sévérité manifeste : « Je pense que les arbitres doivent avoir des consignes de ne pas mettre de cartons rouges afin de ne pas trop influencer les matches. Le coup de tête du Colombien sur un Anglais le méritait par exemple. » Concernant le VAR, l’arbitrage vidéo qui, à peine installé, essuie de nombreuses critiques, Alexandre Chéron « trouve ça plus juste ». « J’aime bien, assure-t-il. Cela enlève un peu d’intensité aux matches, mais 80 % des erreurs peuvent être corrigées. » Il rapporte qu’en Russie les ralentis sont diffusés sur écran géant dans les stades et, qu’à ce titre, le public réagit mieux et ne reste pas sur une éventuelle frustration. « Ça calme rapidement les ardeurs des spectateurs. » Il concède, néanmoins, qu’il y aura toujours matière à discussion, principalement sur les fautes occasionnant des penalties.