La Voix du Nord | 27.04.2020 | Par Grégory Lallemand | photo : Pascal Bonniere (AFP)


Fort logiquement reporté, l’Euro masculin, organisé dans douze pays différents, se tiendra en 2021. Les supporters de l’équipe de France comprennent cette décision. La plupart d’entre eux ont juste repoussé leurs encouragements d’un an.

Pour les Irrésistibles français, principal groupe de supporters avec 1 600 adhérents dispersés sur le territoire national, les mois de juin et juillet devaient avoir le goût des voyages. Deux ans après la campagne russe, celle qui a placé l’équipe de Deschamps sur le toit du monde, les supporters avaient planifié leur trajet. Il épousait celui des matchs de poule des Bleus : à Munich face à l’Allemagne, puis à Budapest contre un barragiste et le Portugal. La pandémie a perturbé ces plans.

« Il y a de la déception car le calendrier est moins dense qu’avec un club, explique Fabien Bonnel, l’un des leaders du groupe. Les matchs sont espacés et les grandes compétitions ont lieu tous les deux ans. On attend ça avec impatience. Mais il y a une compréhension de tous, vu la situation sanitaire. Je ne nous vois pas dès cet été aller chanter ou se jeter les uns contre les autres en tribune, postillonnant sur nos voisins de travées. »

Pour le capo des Irrésistibles français, qui anime le virage nord du Stade de France à chaque rencontre des Bleus, l’autre frustration concerne son groupe. « En 2020, on fête nos dix ans d’existence. On avait programmé de nombreuses animations, notamment un tournoi de foot. On n’ira peut-être pas du tout au stade l’année de nos dix ans. C’est dur mais l’urgence sanitaire l’exige.» En attendant, certains de leurs membres de la région soutiennent les hôpitaux, comme à Somain, où ils ont soulevé des fonds pour offrir des denrées alimentaires.

« Je suis extrêmement soulagé que ce soit reporté »

La perspective de remettre ça pour l’Euro en 2021 n’effraie pas grand monde. La seule interrogation est née ces derniers jours des désistements envisagés de Bilbao (Espagne), Rome (Italie) ou Copenhague (Danemark), villes organisatrices. « On comprend que des pays se questionnent. Ils en ont bavé et ne veulent pas forcément voir l’Europe débarquer chez eux dans un an, avec la possibilité d’une nouvelle vague pandémique. Nos membres se demandent juste si ça pourrait aussi être le cas de Munich ou Budapest. Mais la très grande majorité des fans qui devaient en être en 2020 seront là en 2021.»

Bertrand est de ceux-là. À 35 ans, ce supporter de Lens suit également l’équipe de France. Pour l’heure, il n’a pas encore engagé de démarches de remboursements, pour les hôtels ou les billets d’avion. « Le foot, c’est notre passion, livre celui qui se dit hypocondriaque. Bollaert ou les Bleus, ça manque. Mais vu les circonstances, je suis même extrêmement soulagé de voir l’Euro être repoussé. En temps normal, j’ai parfois du mal avec la foule. Je déteste faire mes courses, par exemple, mais j’adore aller au stade. C’est un endroit où j’ai mes repères, que je maîtrise. Mais avec le virus, c’est très différent.»