20minutes | 10.09.2019 | Par J.L | photo : Lionel Bonaventure / AFP

Les Tricolores disputeront mardi leur centième rencontre à Saint-Denis, une enceinte qu’ils apprécient de plus en plus.

  • L’équipe de France disputera son centième match à Saint-Denis mardi soir face à l’Andorre.
  • Si les Bleus ne quittent plus le Stade de France, c’est parce que « Deschamps veut mettre tous les atouts de son côté ». 
  • DD n’a jamais envisagé de jouer sérieusement ailleurs qu’à Saint-Denis, selon un protocole désormais bien établi: les amicaux pour la Province, et les gros matchs qualificatifs pour la capitale.

 

Puisqu’on se souvient toujours de sa première fois, même quand le partenaire et l’atmosphère n’invitent pas franchement à la commémoration d’un exploit planétaire, c’est un souvenir qui jaunit à peine avec le temps : frappe de Djorkaeff aux 30 mètres, cagade de Zubi dans les cages (le même Zubi qu’à l’OM pour les plus jeunes), et Zizou qui suit pour le premier but des Bleus au Stade de France, en janvier 1998. Mais chacun son morceau d’histoire de Saint-Denis, où les Bleus disputeront leur centième match mardi soir face à l’Andorre. Le premier, le cinquième (un indice, vraiment ?), le soixante-dixième, qu’on aurait préféré ne jamais jouer, face à l’Allemagne en novembre 2015, ou un autre. Hugo Lloris cite spontanément le France-Ukraine des barrages pour la Coupe du monde 2014.

« Cette rencontre (3-0 après avoir perdu l’aller 2-0) a marqué les mémoires pour qui était présent au Stade ce jour-là. Je pense qu’il y a toujours un point de départ à une aventure, et ce match nous a donné un élan qui nous a porté jusqu’au mondial russe. Le Stade de France fait partie du patrimoine du foot français. Même s’il y a eu quelques déceptions, on l’associe plutôt à des ondes positives pour l’équipe de France. »

Intéressant de parler de France-Ukraine. Le tournant d’une génération, peut-être, la rencontre avec un peuple de supporters, sûrement. Entendons par là que même du temps de la splendeur des champions du monde originels, le stade de France n’a jamais déchaîné les encouragements d’un public bien sage, « les fameux costards cravates » vilipendés par le Deschamps joueur pendant le Mondial 98. Le sélectionneur a bien changé d’avis depuis : « Il y a eu une véritable évolution, on peut être fiers d’avoir une ambiance de supporters. Un temps c’était plus des spectateurs. Les joueurs ressentent ce lien avec le public. Ils aiment jouer dans ce stade. » Le résultat d’années de travail de fond mené par la FFF pour encourager la naissance d’une véritable fan base des Bleus, chargée d’animer la vie en tribunes.

Les matchs amicaux réservés au reste de la France

Pour qui zyeute un peu du côté des tifos réalisés par les Irrésistibles Français depuis quelques années, il faut reconnaître le boulot abattu. Celui de samedi contre l’Albanie, un grand cœur sur tout le virage, a fait son petit effet. « Pour nous, le centième match c’est anecdotique, le gros truc on l’avait prévu face à l’Albanie, il y avait plus de monde, c’était un samedi, le contexte s’y prêtait mieux », explique Fabien Bonnel, le leader vocal des IF. Ils seront tout de même 50.000 à remplir les anneaux pour voir l’équipe de France s’ébrouer contre la 357e nation mondiale, pour un match que DD n’a jamais envisagé de jouer sérieusement ailleurs qu’à Saint-Denis, selon un protocole désormais bien établi. Les amicaux pour la Province, et les gros matchs qualificatifs pour la capitale, indépendamment du contrat qui oblige les Bleus à jouer quatre fois par an au Stade de France.

 

 

Le sélectionneur a mis ça sur le dos de Luc Holtz, son homologue luxembourgeois qui avait grogné de devoir affronter les Bleus au Stadium plutôt qu’à Saint-Denis, y trouvant même un écho pour transcender ses hommes lors de la causerie d’avant-match, sur l’air « on est tellement des ploucs pour eux qu’ils nous reçoivent dans un stade de kermesse ». 0-0 et Deschamps qui tranche : terminé les cadeaux à droite à gauche pour montrer les Bleus à la populace. L’intérêt sportif avant tout. « Les dimensions du terrain sont les mêmes et pourtant il paraît plus grand, comme s’il y avait plus d’espaces, ça joue en notre faveur. Je préfère mettre ce petit pourcentage de notre côté, plutôt que celui de notre adversaire. » BIM, On croirait entendre Pep Guardiola à propos du Camp Nou.

« C’est un plus de jouer au Stade de France »

Dans les faits, le robinet ouvert par Domenech est fermé depuis un moment. Avant le Luxembourg à Toulouse, il y avait seulement eu, hors matchs amicaux… le Luxembourg à Metz en 2010. Il faut donc croire que cette histoire est un complot contre le Grand Duché (désolé Lucho). Fabien Bonnel ne s’en plaint pas. « On est conscients que ça peut générer une frustration pour les supporters en province, l’équipe de France appartient à tout le monde. Mais on a la chance d’avoir un sélectionneur qui veut mettre tous les atouts de son côté, pour qui c’est important d’avoir un stade plein qui pousse derrière son équipe. Pour l’organisation des supporters, c’est un plus de jouer au stade de France. C’est une bonne chose d’asseoir un stade résident où on n’a pas l’impression de prendre possession d’un lieu qui appartient aux fans locaux. »

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Ajoutons aussi, puisque cela joue son rôle dans le décor, que le Stade de France est beaucoup plus désirable depuis que l’ancien ground manager de Wembley est venu fouiller les tréfonds de l’âme de la pelouse dionysienne, longtemps moquée pour ses pics dépressifs en hiver.

En tout cas, Ildefons Lima apprécie l’attention. L’éternel capitaine andorran, visite les lieux pour la deuxième fois, puisqu’il était présent en 1998 pour le premier match de l’équipe de France après son titre de championne du monde. Encore un détail qu’il faut à tout prix cacher à nos amis Luxembourgeois. Imaginez qu’ils apprennent qu’on a joué l’hymne andorran deux fois au SDF avec supplément gratuit face à l’Albanie, ils vont finir par nous déclarer la guerre, or on lit partout que notre armée est sous-équipée. Bref. 

« Rien qu’en reconnaissant la pelouse tout à l’heure, j’ai eu les mêmes frissons qu’à l’époque. J’avais 18 ans et une grande chance de pouvoir disputer cette rencontre qui est restée gravée dans ma mémoire. Pouvoir participer au centième match de la France dans ce grand stade, c’est un grand signe de respect. Même si on est considéré comme une petite nation, ce genre de gestes donne une image encore plus grande de la France. »

On ne poussera pas le vice jusqu’à lui faire le coup de l’immensité du panorama qui ferait crever ses équipiers de trouille. Andorre a tenu le 0-0 jusqu’à la 88e en Turquie samedi, et le patriotisme n’est pas impossible à marier avec un peu d’honnêteté, parfois : l’ambiance stambouliote, c’est autre chose.