l’Equipe.fr | 25.03.2022 | Par Alban Traquet | photo : F. Faugère/L’Équipe

Amnesty International va profiter du match amical France – Côte d’Ivoire, à Marseille, vendredi soir, pour interpeller la FFF, les Bleus et leurs supporters au sujet des droits des travailleurs étrangers au Qatar.

Nouvelle action d’Amnesty International France en vue de la prochaine Coupe du monde au Qatar (21 novembre – 18 décembre). L’ONG sera présente à 18 heures, vendredi à Marseille, près du stade Vélodrome, à l’occasion du match amical France – Côte d’Ivoire (21 h 15), pour « interpeller la FFF et les joueurs de l’équipe de France » et « exiger le respect des droits de deux millions de travailleuses et travailleurs migrants du pays hôte ».

Amnesty, qui s’est prononcé contre le boycott de la compétition, dénonce de « graves violations » de ces droits dans les « stades, infrastructures et services » liés à l’organisation et l’accueil de la Coupe du monde. Et considère que « la FFF, en tant que partenaire commercial de la FIFA, a un rôle considérable à jouer dans le respect de ces droits ». L’action concernera principalement une distribution de tracts, pour interpeller les spectateurs se rendant au Vélodrome. « C’est l’occasion d’aller au contact de l’ensemble des supporters de l’équipe de France et de sentir la température sur ce sujet, explique Lola Schulmann, chargée de plaidoyer à Amnesty France. C’est une action d’alerte et de sensibilisation. »

Discussions avec les Irrésistibles Français

Les Irrésistibles Français, principal groupe de supporters des Bleus (avec près de 1 000 membres), ont également échangé avec des responsables d’Amnesty sur le thème de « la situation des travailleurs migrants au Qatar » mercredi soir, en visioconférence. « Nous espérons que la FFF et la FIFA accepteront d’engager un dialogue constructif avec Amnesty International afin de faire avancer ces valeurs universelles dans notre sport, sur et surtout autour des terrains », ont expliqué les Irrésistibles Français, jeudi après-midi, dans une série de tweets au ton volontairement diplomatique.

« On est dans une démarche constructive, qui n’est pas de stigmatiser le Qatar mais de dire qu’il évolue et qu’il y a encore des marges de progression », développe Fabien Bonnel, le porte-parole de l’association de supporters. Même si ce dernier a décidé, à titre personnel, de ne pas se rendre dans le petit émirat du Golfe dans huit mois. « On a laissé nos adhérents se positionner, poursuit-il. À ceux qui se rendront sur place, on leur dit :  »Essayez de vous soucier de la condition des travailleurs migrants ». »

Quand Doha invite des associations de supporters

Plusieurs responsables d’associations de supporters ont également fait l’objet d’approches du comité d’organisation de Qatar 2022, pour les inviter à Doha la semaine prochaine, en vue du tirage au sort de la Coupe du monde, le 1er avril. Les Irrésistibles Français ont repoussé l’offre, dit son porte-parole.

La veille de ce tirage au sort se tiendra également le congrès de la FIFA. À cette occasion, Amnesty, toujours par la voix de Lola Schulmann, dit espérer que « la situation des droits des travailleurs sera abordée par certaines Fédérations, notamment d’Europe du nord, et que la FIFA puisse répondre concrètement à ces préoccupations. »« La question des droits humains ne doit pas être taboue dans le foot, poursuit-elle. On l’a vu récemment en Angleterre, où le sélectionneur (Gareth Southgate) et son capitaine (Harry Kane) ont abordé cette question. »

Après plusieurs reports pour des problèmes d’agenda, Amnesty attend toujours qu’un rendez-vous – sollicité il y a plusieurs mois – puisse se caler avec la « 3F » et son président. Interrogé mercredi par Ouest France, Noël Le Graët a expliqué que « le Qatar a fait des efforts sur la question des droits de l’homme et que cela a été rendu possible grâce au football ». Repoussant une nouvelle fois le boycott, Le Graët a ajouté : « Le sujet politique est délicat, mais les joueurs sont évidemment libres de s’exprimer sur ces questions. »