“On était snipés” – Banderole interdite
Goal.com | 15.11.2021 | Par Simon Fuentes | photo : IF
Samedi, les Irrésistibles Français ont été empêchés de déployer une banderole d’opposition à un Mondial bisannuel. Pour Goal, leur capo raconte.
La soirée promettait d’être belle et sous le signe de l’émotion, samedi soir, au Parc des Princes. Pour leur dernière sortie de l’année civile sur le territoire national, les Bleus ont fait plaisir à leurs supporters en décrochant leur qualification pour la Coupe du Monde 2022. Et de quelle manière ! Les Tricolores ont régalé face au Kazakhstan (8-0), tandis que, 13 novembre oblige, de vibrants hommages ont été rendus aux 131 victimes décédées lors des attentats terroristes survenus il y a 6 ans.
Néanmoins, il a aussi été question de censure dans les travées du Parc des Princes. En effet, les Irrésistibles Français, association de supporters de l’Équipe de France de Football, ont été empêchés de déployer une banderole en opposition à l’organisation de la Coupe du monde tous les deux ans. Pour Goal France, Fabien Bonnel, capo du groupe, est revenu sur cette action avortée par les services de sécurité. “On a décidé de prendre position suite aux propos d’Arsène Wenger disant que les supporters étaient favorables à une Coupe du Monde tous les deux ans. On ne pouvait donc pas laisser dire que nous étions pour, alors qu’à la quasi-unanimité, tout le monde est contre. Voilà le principe de base de notre action : ne pas laisser travestir notre parole”, explique-t-il.
Entretenant des relations cordiales avec la Fédération Française de Football, le groupe souhaitait initialement informer l’instance de l’existence de son projet. Pour déployer cette banderole, le consentement de Noël Le Graët, président de la FFF, a ainsi été imposé. Problématique, ce dernier n’étant pas opposé à l’organisation d’un Mondial tous les deux ans. “Personnellement, je ne suis pas contre (…) Il faut que je sache si ce projet enrichit ou appauvrit la Fédération française, dont je suis le président”, avait déclaré le dirigeant début octobre. Dans ces conditions, l’opération s’est donc poursuivie en sous-marin.
Des services de sécurité sur les dents
“Ce n’est de toute façon pas une banderole hostile à quelqu’un directement, c’est simplement l’idée de témoigner de ce qui ressort de nos sondages internes sans être plus vindicatifs, hostiles et insultants que ça”, précise Fabien Bonnel, qui s’attendait malgré tout à faire l’objet d’une surveillance accrue de la part des services de sécurité. “La fouille a été plus corsée que d’habitude (…) Ils avaient visiblement été informés car ils cherchaient une banderole avec un hashtag dessus. On savait et on sentait qu’à priori, on était snipés pour la soirée”, raconte le porte-parole des Irrésistibles Français. Et cela n’a pas manqué, puisque la banderole taguée “#No2YearsWorldCup” n’a finalement pu être déployée…
“Aux alentours de la 13ème minute, on prépare notre hommage aux victimes du 13 novembre. Et là, tout un service de sécurité débarque et tente de déchirer notre banderole, en pensant que c’était la fameuse qu’ils cherchaient. Heureusement, nos services de sécurité habituels, avec lesquels on s’apprécie mutuellement, sont intervenus et se sont interposés”. Dans un climat quelque peu gâché par ces tensions, l’hommage a donc bien été rendu, mais la contestation a été étouffée. Sur ordre du PC sécurité, la banderole a été confisquée. Bien décidés à faire passer leur message, les Irrésistibles ont ainsi activé le plan B : déployer la banderole aux abords du Parc des Princes après la victoire des Bleus.
L’épisode terminé, quid des actions futures ?
Quelques heures plus tard, des questions subsistent. Ce silence forcé pourrait-il s’expliquer par la présence de Gianni Infantino dans les travées du Parc samedi soir ? Pour rappel, le président de la FIFA est un fervent défenseur du projet d’une Coupe du monde bisannuelle… Si la question mérite d’être posée, les positions doivent désormais tendre à se rapprocher. Et cela passe par davantage de dialogue entre la Fédération française et les supporters. “On va demander une réunion d’ici la fin de l’année civile pour faire un débrief et mettre les choses au clair (…) Qu’on arrête les mails par personnes interposées et qu’on se rencontre, qu’on se dise les choses franchement. On fait les choses de manière totalement transparente depuis 10 ans avec la FFF”.
En attendant, les Bleus ont rendez-vous mardi soir (20h45) à Helsinki pour y défier la Finlande et conclure leurs éliminatoires. Présents sur place, les Irrésistibles Français seront cette fois moins nombreux à braver le froid “On ne va pas pousser plus que ça maintenant. La banderole n’a pas été emmenée en Finlande. Si un match est organisé en France au mois de mars, et si tout se passe bien avec la Fédération lors de nos prochaines réunions, alors je pense qu’on pourra alors la ressortir”, assure Fabien Bonnel, optimiste. Loin de la situation confuse de l’Hexagone, les supporters belges, eux, ont pu faire passer le même message sans le moindre problème en marge de leur victoire face à l’Estonie (3-1).