Rencontre avec les « I.F. » avant France-Ukraine

Vendredi soir, sur les coups de 23h45 (heure locale), le stade Olympique de Kiev était en furie. Les supporters Ukrainiens donnaient tous de la voix pour féliciter leurs joueurs, vainqueurs de la France, deux buts à rien. Demain, match retour au Stade de France. 62% des Français* ne croient pas au miracle. Pourtant, les « Irrésistibles Français », eux, pensent que l’exploit est à la portée de l’équipe de Didier Deschamps. Rencontre avec Fabien Bonnel, initiateur du mouvement.

Pouvez-vous nous présenter votre association ?
Nous, « Irrésistibles Français », sommes une association administrativement créée en 2010 regroupant les plus fervents supporters des Bleus. Nous aimons à qualifier notre esprit d’act-IF et de collect-IF. Les plus anciens de nos membres se connaissent depuis plus de dix ans. J’ai lancé ce mouvement en 2002 et a grossi au fil des années. Depuis 2010, une équipe de dix bénévoles, dont Hervé Mougin notre président, s’en occupe au quotidien. Nous comptons 400 adhérents en cette fin 2013, plus du double par rapport à l’an passé. La dynamique est donc en marche.

Combien de temps consacrez-vous à votre association ainsi qu’au soutien des Bleus et des autres équipes de France (féminines, espoirs) ?
Le temps est incalculable. Afin d’entretenir cette dynamique de développement, nous y consacrons facilement deux heures par jour en moyenne. Avec des pics impressionnants lors des grands matches comme c’est le cas en ce mois de novembre. Nous nous engageons réellement dans ce travail, y mettons toute l’énergie que nous pouvons, afin d’apporter un douzième homme à l’Équipe de France. Nous suivons également les féminines depuis notre création en 2010 et assistons à quelques rencontres des Espoirs.

Y croyez-vous toujours pour notre équipe de France demain face à l’Ukraine ?
Évidemment ! Nous ne sommes qu’à la mi-temps du match. Alors que les Bleus pouvaient prétendre à l’avantage sur le papier, les Ukrainiens l’ont pris sur le terrain. Si nos joueurs entrent sur le terrain en guerriers prêts à se dépouiller, ils peuvent le faire, et nous nous dépouillerons la voix pour qu’ils le fassent.

Que voulez-vous dire aux supporters de l’équipe de France qui n’y croient plus ou qui ne désirent plus supporter les Bleus ? Quel message leur envoyez-vous ?
De rester chez eux demain soir pour ceux qui ont un billet et de ne pas se forcer à regarder le match pour les autres. Nous avons reçu un nombre incroyable de demandes de billets et de messages de soutien depuis la défaite de vendredi. Les amoureux de l’Équipe de France se sont rendus compte de l’importance qu’ils auront à rassembler toutes les énergies positives pour envoyer le maillot Bleu au Mondial brésilien.

Si on ne se qualifie pas pour le Mondial, faut-il changer d’entraîneur d’après vous, histoire d’aborder l’Euro 2016 avec une toute autre équipe ou ce n’est pas forcement la bonne solution ?
C’est compliqué. Didier Deschamps n’est là que depuis un an. La mission de révolutionner le groupe et d’en plus se qualifier était injouable. Il a choisi de ne pas rebâtir trop en profondeur et donc de jouer la qualif à fond… On saura demain si le choix a été bon, mais aussi en 2016.

Quelle serait pour vous la composition idéale (titulaires et remplaçants) ?
Nous ne sommes pas dans le secret du vestiaire car c’est là que ça se jouera. Nous ne sommes plus dans la tactique, il faut quatorze morts de faim (onze titulaires et trois remplaçants), quatorze guerriers. Seuls ceux prêts à mourir sur le terrain devront fouler la pelouse.

Qu’avez-vous pensé de la sortie de Patrice Evra ? Soutenez-vous les joueurs même lorsqu’ils sont arrogants ?
Cette sortie est maladroite pour l’image des Bleus. Mais remettons la tout de même dans le contexte de l’interview très, très très, insistante dès qu’Evra a sous-entendu une rancœur. De plus, Patrice Evra est l’un des seuls joueurs à avoir toujours été naturel et proche des supporters tricolores. Nous ne le soutenons pas forcément dans cette épreuve mais nous ne le condamnons pas non plus. Pour des faits comparables, nous n’avions pas de pitié pour Samir Nasri qui, en plus de son geste l’an dernier, n’avait jamais montré de proximité avec les supporters français.

Quelques petits mots à propos du titre Mondial U20 chez les garçons et du trophée européen U19 chez les filles ?
Ça a été une sacrée fierté et nous espérons que malgré l’accroc de vendredi, cette seconde partie d’année 2013 sera magnifique pour tout le football français. Aux A de faire le boulot.

Préparez-vous un dispositif spécial pour le prochain Euro en France ?
Nous y travaillons oui, déjà. Toute notre activité 2012/2013 est la base de notre développement pour l’Euro. Attirer, rassembler et fidéliser les passionnés autour du maillot Bleu. Le groupe actuel n’est pas le même que celui de 2006 et ne sera pas le même que celui de 2016. Les joueurs passent, les amoureux du maillot Bleu restent et doivent s’unir. Quelque soit l’issue du match de demain, il faudra construire pour 2016, dès le premier match de 2014.

Un jour est-ce qu’il serait possible de retrouver des Irrésistibles Français dans tous les sports, créer des branches (rugby, hand, basket, etc) ?
Si nous arrivons à trouver des personnes motivées et disponibles pour gérer ces rassemblements, pourquoi pas. Nous avons des fans et licenciés d’autres sports co dans nos membres les plus actifs et avons déjà évoqué cette possibilité. Mais aujourd’hui nous sommes à 200% investis dans la cause de l’Équipe de France masculine et voulons réussir le pari de créer un vrai et grand groupe de supporters.