SurOuest.fr | 05.07.2016 | Par la Rédaction

Qualifiée pour les demi-finales, l’équipe de France bénéficie d’un “soutien populaire extraordinaire” selon Didier Deschamps

“Le soutien populaire est extraordinaire”, reconnaît Didier Deschamps. Sur la lancée d’une dynamique née ces dernières années, l’Euro consacre la réconciliation des Bleus avec un public longtemps négligé, au point qu’ils comptent désormais fermement sur leur douzième homme pour battre l’Allemagne, jeudi en demi-finale.

L’image est rare. Dimanche, avant d’étriller les Islandais, les Bleus ont franchi les panneaux publicitaires du Stade de France pour venir saluer le noyau dur de leurs fans massés derrière les buts.
“C’est la première fois que je voyais ça depuis 1998”, s’enthousiasme encore Hervé Mouquet, président des Picards Foot, l’une des 12 associations de supporters reconnues par la FFF. “On sent qu’ils ont fait ça d’eux-mêmes… Mais on revient de loin.”
“On ressent la différence de comportement des joueurs selon l’enjeu des matches”, précise Hervé Mougin, son homologue d’Irrésistibles Français. “Sur les matches amicaux, cette équipe avait du mal à exulter et communier avec son public.” L’Euro, donc, et plus encore les matches couperet, les aideraient à se débrider.
Un Euro où, au-delà des seuls supporters officiels, le soutien du public envers les Bleus va croissant et commence à rappeler 1998.
Souvent timides, parfois glaciales, rarement exaltées mais toujours complexes, les relations entre les Bleus et leur public ont évolué, depuis le titre mondial de 1998, au gré des politiques fédérales et de la volonté des sélectionneurs.

L’ouverture Deschamps

“Il y a eu une prise de conscience après 2010”, reprend le leader des Picards. “Et un vrai progrès avec l’arrivée de Noël Le Graët à la tête de la fédération”.
Jusqu’alors, les supporters, leurs attentes et revendications n’étaient pas une priorité pour la FFF. “Domenech avait bien ouvert les entraînements au public. A Knysna, même, il nous avait autorisés à entrer dans l’hôtel”, ajoute Hervé Mougin. Mais l’affaire du bus au Mondial-2010 et la dépression post-Afrique du Sud avait balayé les timides ouvertures.
Elu fin 2011, Noël Le Graët a fait des relations avec les supporters une priorité. Relancé dès son arrivée, le Club des supporters—organe fédéral qui rassemble 15 000 membres dont les 3 000 adhérents des 12 associations—a vite prospéré dans l’optique de l’Euro en France. “On a créé les Casas Bleues autour des matches”, explique Florent Soulez, chargé du dossier à la FFF, “et on a fait un gros travail dans les stades pour que les supporters puissent y rester debout et amener du matériel.”
L’arrivée de Didier Deschamps a la tête de la sélection a accéléré le mouvement. Conscient de l’apport des supporters, le Basque a favorisé les échanges avec les groupes officiels et sensibilisé ses joueurs à l’importance d’un kop actif, voire turbulent.

“Et 1 et 2 et 3, zéro” : les joueurs n’en veulent plus

S’il leur fallait une preuve, les joueurs l’ont eue le 19 novembre 2013. Ce soir là, au Stade de France, les Bleus doivent battre l’Ukraine par au moins 3 à 0 pour espérer voir le Brésil et sa Coupe du monde.
Les tribunes sont incandescentes et le match à leur image. Victorieux 3–0, les Français grimpent dans les tribunes après la rencontre et reconnaissent l’impulsion décisive de leur 12e homme. “Quand je suis entré dans le stade et que j’ai senti l’ambiance, j’ai su que l’on ne pourrait pas perdre”, confiera plus tard Evra à Hervé Mougin.
Depuis, la fédération organise régulièrement des réunions. Lors de la dernière, en mars, les supporters ont demandé à Patrice Evra, Hugo Lloris et Raphael Varane, les trois émissaires des joueurs, d’être moins distants. “On leur a expliqué que ça leur coûtait pas grand chose de s’approcher de nous à moins de cinquante mètres”, reprend le chef des Irrésistibles Français.

Les joueurs aussi ont leurs revendications. Lors de cette rencontre, Evra a avoué aux délégués des fans que le lancinant “Et un et deux et trois zéro” (le refrain de la finale de 1998), non vraiment, ça suffisait. “C’est la génération du coach, ça, pas la nôtre”. En revanche, l’ex-capitaine avait demandé des chants personnalisés, comme en créent les supporters de club.
Le message est visiblement passé. Giroud n’est plus sifflé mais encouragé au son du “Hey Jude” des Beatles. Et le Kop a remisé les chants de 1998. Jeudi contre l’Allemagne à Marseille, il lui faudra retrouver la furia de 2013 pour parfaire son job de douzième homme.