Le Bien Public | 21.11.2022 | Par Adrien Beria | photo : Le Pictorium/Maxppp
L’Equipe de France de football fait son entrée dans la Coupe du monde 2022 au Qatar, mardi 22 novembre 2022, face à l’Australie. Le Dijonnais Hervé Mougin, président du groupe des supporters des Bleus, les « Irrésistibles français », sera dans les tribunes. Interview au micro de France Bleu.
La Coupe du monde 2022 au Qatar commence pour l’Equipe de France de football. Les Bleus affrontent mardi 22 novembre l’Australie, coup d’envoi 20h – match à vivre en intégralité sur France Bleu. Dans les tribunes du Stade Al-Janoub, à Al-Wakrah, il y aura au moins un dijonnais : Hervé Mougin, le président du principal groupe de supporters des Bleus, les « Irrésistibles français », environ 1500 adhérents. À la tête de cette association depuis sa création en 2010, après 2006, 2010, 2014 et 2018, il va vivre son cinquième mondial.
Son meilleur souvenir des Bleus : France – Ukraine, en 2013
Le match pour lequel j’ai les meilleurs souvenirs, c’est celui de 2013 contre l’Ukraine. On est en barrages pour aller à la Coupe du monde 2014. On vient de perdre 2-0 à l’aller en Ukraine, j’étais au match aussi. Et on doit, sur le match retour, renverser la vapeur pour aller à la Coupe du monde 2014. Résultat : doublé de Mamadou Sakho, exceptionnel, et un but de Benzema. Un doublé presque aussi important que celui de Thuram en demi-finale de la Coupe du monde 1998. Le genre de chose que personne n’a pu parier avant.
Ce match, j’en ai parlé avec des ukrainiens, que j’héberge depuis huit mois à la maison. On a eu, et je pense que je ne le reverrai jamais de ma vie, un Stade de France en fusion. Tout le monde debout, alors que, d’habitude, il y a juste notre bloc qui est debout. Il y a eu une ambiance exceptionnelle, qui a fait que l’Equipe de France a pu renverser la vapeur et gagner 3-0. Voir toute cette communion autour de l’Equipe de France, et ce stade qui n’était pas un stade de suiveur mais bien d’acteurs, c’est vraiment le rêve de tout « supporter actif ». Quand on dit : « le Stade avec nous », vraiment, là, le stade était avec nous. Pour moi, sur l’aspect collectif, des supporters, c’était quelque chose de très touchant.
Sa plus belle Coupe du monde : le mondial 2018 en Russie
Forcément, celle qui se termine bien. Je ne peux pas dire 2010 par exemple, parce que je crois qu’on avait touché le fond (rires). 2018, parce qu’on a tout eu : le sportif et notre vie d’association à côté. On a fait des déplacements … Je suis allé car jusqu’à Moscou, j’ai mis 60 heures depuis Lyon, on a traversé l’Europe. Je me rappelle aussi d’un Iekaterinbourg – Moscou en train pendant 32 heures, on part le samedi soit et on arrive le lundi matin.
Ça fait partie de la vie d’une association, d’une vie de supporters. On a tous les types, ceux qui vont prendre l’avion, et ceux qui vont faire la vie de l’asso, participer à ces déplacements complètement fous dont on reparle plusieurs années après. Donc pour ma préférée, oui, la Russie, parce qu’il y un happy end exceptionnel.
France 98 ou France 2018 ?
Il ne faut pas opposer les deux. Du fait que j’ai suivi au plus près l’équipe de 2018 – que j’avais pu rencontrer sur place – je dirais plutôt 2018. Même s’il y a des noms exceptionnels de 98, pas la peine de tous les rappeler, en 2018 je crois qu’on est menés seulement neuf minutes pendant toute la compétition ! On est champions du monde, il n’y a pas de contestation, cette Coupe du monde, il n’y a pas eu photo.
Le plus grand joueur de l’histoire des Bleus : Zidane
Pour son influence dans le jeu, Zidane. Après, j’avais Platini en tête, mais l’image de Platini postérieure est un peu moins celle que j’attendais. Zidane a été un élément marquant dans l’histoire du football français, et ce n’est pas le seul, parce que chacun a sa génération. Je parle de Platini, je pourrais parler de Kopa avant, on peut parler aujourd’hui de Griezmann, Benzema ou Mbappé, chaque génération a eu son grand joueur.
Mais si je dois vraiment en ressortir un seul, je crois que ce serait Zidane, je suis obligé (rires). Il a marqué durablement le maillot bleu. Bizarrement, je retiens 2006 (finale perdue contre l’Italie, NDLR), mais surtout comme le meneur d’homme, le meneur de jeu, celui qui nous a transporté dans le quart de finale contre le Brésil. Je retiens cette image-là. J’étais à la finale, j’étais dans le stade, j’étais au premier rang et je ne vois pas le coup de boule sur Materazzi. Quand je vois Buffon qui sort de ses buts, je vois qu’il y a quelque chose. Et effectivement, il sort, etc … mais quand je pense à Zidane je pense plutôt à son match contre le Brésil en 2006, je pense évidemment à la finale en 1998, même si pour moi en 1998 ce n’est pas le meilleur joueur français, bizarrement.
La plus belle équipe de France : génération 80
Est-ce que c’est parce que je suis un ancien ? Je dois être un romantique … J’aime cette fameuse Equipe de France qui était « championne du monde des matchs amicaux », comme on le disait. Celle de 1982, 1984, 1986, qui a gagné l’Euro en 84. 82 et 86, avec Platini, Giresse, Tigana, Fernandez, Genghini … J’ai eu la chance de rencontrer Bernard Genghini un peu plus tard, il m’a offert son maillot du match de la 3e place contre la Belgique en 1986, c’est une relique chez moi !
C’est cette équipe qui m’a fait aimer l’Equipe de France. Mon premier match des Bleus, c’était à Strasbourg en 1984, contre la RFA, on gagne 1-0, j’étais tout petit, et je suis attaché à cette équipe depuis ce moment-là. Je me rappelle de l’émotion de pleurer en 1982, pour la demi-finale de la Coupe du monde perdue contre l’Allemagne, et j’avais huit ans ! Je pleurais, et je vous le dis en ce moment, j’ai les larmes qui me reviennent aux yeux.
Didier Deschamps : « On est les menhirs de l’Equipe de France »
J’ai une excellente relation avec lui, il est là depuis 2012. Depuis qu’il est sélectionneur, on ne peut pas se plaindre, on a été qualifiés pour chaque phase finale. La dernière fois qu’on s’est croisés, quelqu’un a cru bon de devoir me présenter à lui. Et Didier Deschamps répond : « mais je ne connais que lui, on est les menhirs de l’Equipe de France, on est là depuis tellement longtemps » et ça nous a fait rire tous les deux. J’ai cette chance, en tant que président, de pouvoir le rencontrer assez régulièrement. Encore plus avant la période covid, j’avais encore accès à l’époque à l’hôtel des Bleus. On faisait par exemple les réunions de sécurité, et j’avais l’occasion de revoir le staff, de parler un peu avec eux. Depuis la bulle sanitaire, c’est un peu plus compliqué.
J’ai quand même au minimum une réunion par an avec Didier Deschamps. Ça permet d’échanger, sur les rapports entre staff, joueurs, et supporters, c’est intéressant. Pourvoir faire remonter aussi le retour des supporters, sur des joueurs qui sont déçus parce qu’ils perdent un match et qui n’ont pas véritablement envie d’aller saluer le public. Ce sont des petites choses qu’on est capables de se dire. C’est lui qui nous a rapproché de l’Equipe de France. Le premier qui nous avait ouvert les entraînements, c’était Raymond Domenech (2004-2010), Laurent Blanc était beaucoup moins proche des supporters, puis Didier Deschamps a remis ça en place. Il a mis en place des animations pour rapprocher joueurs et supporters, et pour ça je lui suis très reconnaissant.