Florent Soulez, le « Monsieur tribune » de la FFF
Nous sommes à moins d’un mois du plus grand événement sportif du monde suivi par 3 milliards de téléspectateurs. Afin de vous faire patienter, nous démarrons ce blog par l’interview de celui qui a relancé, en 2013, « la Tribune Nord » du Stade de France et le Club de Supporters de l’équipe de France de Football.
Florent Soulez, 35 ans, est responsable du marketing événementiel de la FFF qui comprend l’animation du stade et l’accueil des supporters. Cet «enfant du football amateur passionné de foot» a joué depuis l’âge de 6 ans à Voisins-le-Bretonneux (Yvelines), «son club de cœur». Sa première rencontre avec les Bleus dans un stade a eu lieu le 16 août 1995 au Parc des Princes contre la Pologne avec «un but de Youri Djorkaeff sur coup franc !».
Devenu incontournable dans le cercle des supporters, Florent est un interlocuteur accessible qui n’hésite pas à mouiller le maillot pour défendre les aficionados auprès des différentes autorités. Sa gentillesse et son humilité font de lui un homme discret, ce qui contraste avec le travail qu’il a réalisé et qui a fait passer l’ambiance pendant les matchs des équipes de France «de quasi inexistante à bonne et parfois même extraordinaire comme notamment face à l’Ukraine en 2013».
Irrésistibles Français : Comment as-tu convaincu la fédération de l’importance qu’ont les supporters pour ses équipes de France ?
Florent Soulez : Notre travail d’équipe a été de montrer au président l’intérêt général d’avoir de bonnes ambiances dans les stades lors des matchs, tout d’abord pour nos joueurs mais aussi notre public, nos partenaires et nos diffuseurs. Il est important que nos équipes se sentent soutenues et suivies. Pour cela, il fallait remettre en place un cercle vertueux autour de la relation supporters-joueurs, ce qui a été fait avec patience et abnégation, en s’appuyant, notamment, sur les Irrésistibles Français. Grâce à cette association, on a réussi notre objectif.
IF : Justement, les joueurs sont-ils sensibles cette évolution ?
FL : Il ne faut pas oublier que nos internationaux sont des joueurs de très haut niveau qui jouent tous les week-ends dans les plus grands stades. Cela dit, les joueurs ont reconnu et reconnaissent encore maintenant le travail collectif qui a été fourni par la FFF et ses supporters et, par conséquent, la montée en puissance des animations lors des matchs.
IF : Côté tribune, quel est l’objectif de la FFF pour la Coupe du monde qui démarrera dès le 28 mai prochain par le match de préparation contre l’Irlande ?
FL : Je sépare la période de préparation de la Coupe du monde. Pour moi, les trois prochains matchs qui se joueront à Paris, Nice et Lyon sont très importants en termes d’ambiance et de soutien des Bleus. J’ai d’ailleurs plus d’attentes pour ces trois matchs notamment celui du Stade de France qui verra à nouveau une animation très importante que pour ceux en Russie.
En France, on « maitrise » l’ambiance en travaillant en amont sur des animations. Je me donne un jugement de progression sur chaque match à domicile et à quelques jours du début de la Coupe du monde.
En Russie, c’est plus compliqué. On fait en sorte de vous accueillir dans les « casas bleues ». Dans le stade, nous n’avons pas beaucoup de marge de manœuvre. Notre objectif, c’est que notre équipe soit la plus soutenue possible et donner une excellente image des supporters français au monde entier. Je serai avec vous comme supporter. Ce qui est fort lorsque tu es à l’étranger, c’est que tu représentes et supportes ton pays. Lors de France-Equateur au Maracana en 2014, lorsque les 10 000 supporters ont chanté la Marseillaise, c’était un moment d’émotion exceptionnel. C’est l’un de mes meilleurs souvenirs.
IF : Comment sens-tu cette Coupe du monde des tribunes et as-tu des craintes ?
FL :Objectivement, nous sommes satisfaits de la participation des Français en Russie car il ne faut pas oublier que tu pars autant pour le tourisme que pour le football. En Russie, nous aurons entre 2 500 et 5 000 supporters à chaque match du 1er tour. On peut imaginer que les Français sur place seront là pour pousser un maximum nos Bleus. Si les noyaux durs se regroupent, nos joueurs entendront les chants. En tous cas, je l’espère.
D’un point de vue sécuritaire, la Russie ne peut pas se permettre d’avoir des débordements qui terniraient son image. Cela sera plus sécurisé qu’au Brésil, il y aura des niveaux de sécurité jamais atteints autour d’un match de football. Je ne pense que nous reverrons ce que l’on a pu voir à Marseille lors de l’Euro.
Celui qui parle le mieux de Florent reste Fabien Bonnel, l’un des créateurs de notre association et responsable de l’animation : «Florent est un interlocuteur que tout groupe de supporters aimerait avoir. Il est arrivé lors d’une première réunion en 2012. Nous avions comme interlocuteur un véritable « supporterophile », là où nous n’échangions qu’avec des « supporterophobes ». A partir de là, tout devenait plus simple pour nous. L’association a pu grandir au rythme du développement de l’ambiance au Stade de France. Si nous pouvons dire, aujourd’hui, que le Stade de France et les parcages français à l’étranger vivent, c’est grâce à cette relation de confiance et ce rapport gagnant-gagnant qu’on a pu construire. Nous avons dû faire nos preuves, apporter notre expérience, montrer que nous étions force de propositions. Il a fallu aussi respecter le contrat moral qui avait été fixé dès le début : votre association vit, vous avez des avantages mais vous faites le maximum en tribune ». « Pour nous, en aimant simplement ce que l’on faisait, c’était un rêve jusqu’ici impossible à réaliser. Pour lui c’était un défi de la taille d’une montagne qui lui tenait à cœur. Dans cette relation de co-construction, de partage et de respect, on arrive à gravir cette montagne. L’autre qualité de cette relation est qu’on repousse ensemble le sommet. On vise toujours plus haut en se disant, en toute franchise, ce qui ne va pas et en apprenant des erreurs commises. On sait qu’on se doit mutuellement beaucoup, qu’on a galéré ensemble, qu’on a chacun fait taire les détracteurs de l’autre et qu’on peut aujourd’hui se dire que les supporters français ne sont plus risibles. Ils se hissent peu à peu dans la hiérarchie des nations européennes. »
Fabian Tosolini
Twitter : @Fabian_IF