A la télé comme dans les stades, les Français sous le charme des Bleues
La Provence | 20.06.2019 | Par Gaël Simon | Photo : AFP
Depuis le début de la coupe du monde, ils sont une centaine à suivre l’épopée de l’équipe de France féminine aux quatre coins de la France. Qui sont ces fervents supporters des joueuses de Corinne Diacre ?
Après avoir réuni près de 10 millions de téléspectateurs pour chacune de leur trois victoires en phase de poules de la coupe du monde (contre la Corée du Sud, la Norvège et le Nigeria), les Bleues ont réalisé un départ aussi canon sur le plan des audiences que sur le plan sportif.Le mondial féminin attire ainsi pratiquement autant de téléspectateurs que la coupe du monde 2018 en Russie. Il y a un an, les hommes de Didier Deschamps avaient été suivis par 12 millions de personnes sur TF1 pour leur entrée dans la compétition face à l’Australie. Les rencontres face au Pérou et le Danemark avaient quant à elles fédéré 10,7 et 8,7 millions de téléspectateurs sur la Une. Avec 10 millions de téléspectateurs en moyenne devant ses matches de poule, l’équipe de France féminine fait donc aussi bien que les champions du monde 2018. À noter toutefois que les rencontres des hommes se disputaient à des horaires en journée (12h pour France-Australie, 16h pour France-Danemark et 17h pour France-Pérou) tandis que les Bleues jouent à 21h.
Ces scores restent toutefois imposants et attestent de l’attractivité des filles de Corinne Diacre auprès du grand public. Le groupe TF1 en a même profité pour renégocier ses tarifs publicitaires. Ainsi, les trente secondes de promotion à la mi-temps des matches des Françaises coûtent désormais 116 000€, contre 73 000€ en début de compétition. Mais dans les stades, les voyants sont-ils autant au vert ? Les Bleues sont-elles aussi fédératrices ?
Des spectateurs présents dans les tribunes
“On était 500 pour le match d’ouverture. Et une centaine à Rennes pour le match contre le Nigéria”, raconte Fabien Bonnel, administrateur de l’association Irrésistibles Français qui encourage l’équipe de France féminine depuis le début du Mondial. annonce le membre des Irrésistibles Français. L’association se félicite de l’engouement suscité par la coupe du monde et constate les changements autour de la médiatisation de la pratique féminine. “Le supporteurisme féminin se développe surtout grâce à des initiatives individuelles. Il y a un attrait qui naît en participant et en allant voir certains matches. On arrive ensuite à se regrouper”, décrit le responsable du groupe.
Le Mondial 2019 attire plus de supporters dans les stades que la précédente coupe du monde en 2015 au Canada. Ainsi, lors du match d’ouverture, ce sont 45 261 personnes qui se sont rendues au Parc des Princes pour suivre la victoire des Bleues face à la Corée du Sud (4-0). Un record absolu pour une prestation des filles de Corinne Diacre. Le mercredi 12 juin, elles affrontaient la Norvège à Nice, dans un stade à guichets fermés (35 000 spectateurs). Tandis que 28 267 personnes assistaient au dernier match de poule des Françaises face au Nigeria à Rennes. “Le mouvement prend. Il y a un certain nombre de valeurs auxquelles les gens adhèrent”, explique Fabien Bonnel. Pour lui, si les fans de football s’emballent pour l’équipe de France féminine c’est en raison de “sa proximité avec le public et sa combativité”.
Pour la compétition en France, les Irrésistibles Français proposent le même “kit du supporter” que pour les hommes : drapeaux, écharpes tricolores et chants accompagnent les Bleues à chaque rencontre. “Et c’est déjà énorme, se félicite le responsable du groupe. On encourage nos adhérents à participer à l’événement de la même façon. On propose les mêmes chants que pour l’équipe de France masculine. On les change juste en mettant ‘Françaises’ au lieu de ‘Français'”, détaille-t-il.
En place 💪🔵⚪️🔴 #FRAKOR #FiersdetreBleues pic.twitter.com/iXq87OUJBV
— Irrésistibles Français 🇫🇷⭐️⭐️ (@IF_Supporters) 7 juin 2019
Les supporters des Bleues, déjà nombreux chez les Irrésistibles Français devraient augmenter en cours de compétition selon Fabien. “C’est comme pour les garçons. L’engouement devient plus important à partir des matches à élimination directe. Après les huitièmes, ça s’emballe plus. En espérant que ça suive. Forcément, ce sont les résultats qui éveilleront la passion des supporters”, estime-t-il.
Une ambiance plus familiale
Dans les gradins, beaucoup de femmes et de familles viennent ainsi suivre le parcours des coéquipières d’Amandine Henry. “En général, c’est beaucoup plus familial pour les filles. Lors du match d’ouverture au Parc des Princes, lorsque le public poussait, on sentait que le ton était beaucoup plus féminin. On sent qu’il y a un fort taux de participation des femmes”, confesse le membre des Irrésistibles Français. Mais selon lui, les différences avec les supporters de l’équipe de France masculine sont minimes. “Sur le plan social, c’est la même mixité de public. Ce sont les mêmes cibles, mais avec un peu moins de monde pour les filles. Et comme pour les garçons, c’est un public très spectateur sur les grands événements, moins supporter”.
Interrogé par francetvinfo, le sociologue Nicolas Hourcade partage cette analyse : “Il y a une très forte proximité entre le public d’une coupe du monde masculine et celui d’une coupe du monde féminine. Ce sont des supporters de tous âges, venus en famille, plus fair-play, moins engagés que ceux qui suivent régulièrement le foot”.
L’engouement autour de la coupe du monde des femmes pousse alors l’association de supporters à poursuivre son action : “On va continuer à faire ce que l’on fait. On essaye d’attirer les gens, mais ça se fera tout seul. Il ne faut pas tirer les gens de force vers les filles. Ça viendra au fur et à mesure”, estime Fabien. Les Irrésistibles Français veulent donc donner du temps au temps, et s’interdisent toute comparaison avec le football masculin. “Ce serait faire du tort à la pratique féminine !”, assure Fabien Bonnel du groupe.
Particulièrement appréciées par les téléspectateurs, les Bleues pourraient convaincre grâce à cette coupe du monde les supporters français de quitter leurs canapés pour s’assoir dans les gradins des stades dans lesquels elles évoluent avec leurs clubs respectifs, en particulier à Lyon ou Paris, principaux “fournisseurs” de joueuses de l’équipe de France. Et pour ceux qui n’auraient pas suivi, Marseille sera également en Première Division la saison prochaine.