Jacques Vendroux : « La Coupe du monde, c’est Cannes, il n’y a pas mieux au monde ».
Á la Maison de la Radio, siège social de Radio France, nous sommes allés à la rencontre de Jacques Vendroux, grand passionné de sport, tombé dans l’univers des médias dès son plus jeune âge et véritable témoin de l’Histoire du sport, depuis ses débuts. Après avoir emprunté l’un des longs couloirs du 116 de l’avenue du Président-Kennedy, et fait irruption au service des sports, il est impossible de louper le panneau « France 98 » recouvert des signatures des Champions du Monde, témoin de l’esprit sportif qui règne ici.
Jacques Vendroux nous y attend. Ce Calaisien, né dans une famille de passionnés de football, et qui ne perdait pas une occasion de s’y intéresser, «a vu le football devenir son quotidien dès l’âge de 8 ans. Il allait un dimanche, avec son père, voir le Racing Club de Calais et le dimanche suivant, avec son grand-père, l’US Calais.» Spectateur, il devient ensuite journaliste sportif, à tout juste dix-huit ans, en mai 1966. 52 ans plus tard, il accueille «des amis» en tant que directeur des sports du groupe Radio France pour discuter du football qu’il affectionne toujours autant.
Jacques va vivre en tant que journaliste sa quatorzième édition et, pour lui, il n’y a aucune ambiguïté. «La Coupe du Monde, c’est Cannes, c’est le must, il n’y a pas mieux au monde ! Vous pouvez avoir eu la chance de commenter toutes les Ligues des Champions, d’avoir participé à des Jeux Olympiques, c’est ce que l’on fait de mieux au monde en termes de sports. Et lorsque l’on est amateur et fondu de football comme moi, cela prend des proportions hors normes dans votre tête.» N’allez pas lui dire que ce nouvel opus pourrait être un échec, car «qu’elle soit organisée aux Etats-Unis, en France ou en Russie, tout le monde vous explique avant qu’elle sera un échec mais chaque fois c’est un succès planétaire. On te dit que les stades ne seront pas prêts, que ce sera la pagaille dans les transports, qu’il y aura des matchs inintéressants mais, à la sortie, c’est toujours positif», explique Jacques Vendroux. Des critiques récurrentes, faites par les Français ! « Pourquoi les Russes ne pourraient-ils plus accueillir le trophée de Silvio Gazzaniga ? », clame-t-il. « Que ce soit en Argentine, en Afrique du Sud, aux États-Unis, tous ces pays auraient pu, à l’époque, ne pas accueillir la Coupe du Monde. En 2018, c’est en Russie et ce n’est pas parce que le président Poutine a des problèmes avec les droits de l’homme que les Russes ne pourraient pas avoir la chance de vivre, dans leur pays, ce merveilleux évènement. Pendant un mois, le football est le grand gagnant, mais comme en Argentine avec le général Vidéla, personne n’avait oublié la situation des Argentins.»
Jacques a tout vécu avec l’équipe de France, la désillusion face à la Bulgarie en 1993 et la joie de la victoire quatre ans plus tard. Lorsqu’on l’interroge sur son meilleur souvenir, il nous répond du tac au tac : «Il ne faut pas être faux-cul, le meilleur souvenir, c’est lorsque vous gagnez. Le jour où vous perdez, vous êtes tristes, lors de la victoire, vous êtes le plus heureux des hommes. 98 ça fait vingt ans et, lorsque les vainqueurs vous racontent leur histoire lors d’enregistrements, les techniciens sont scotchés comme si on leur racontait une histoire d’enfance. Mais quoi qu’il arrive, toutes les Coupes du monde ont quelque chose de brillant”
Le mot supporter est un mot magique qui fait partie de notre ADN et de notre culture.
Le football, ce sont aussi des milliers de supporters qui suivront la France durant toute sa campagne emmenant dans leurs bagages la ferveur nécessaire pour les pousser jusqu’à la finale Pour ce féru de football, «le mot supporter est un mot magique qui fait partie de notre ADN et de notre culture. Il n’est pas exclusivement applicable au football car nous sommes tous, à un moment de notre vie, supporter de quelque chose parce que c’est la vie et parce qu’on aime», explique-t-il avec émotion. «Les vrais supporters, comme le sont les Irrésistibles Français, doivent toujours être vigilants pour ne pas galvauder ce mot. En Russie, votre responsabilité ne consistera pas qu’à supporter l’équipe de France. Vous devrez surtout préserver et glorifier le mot supporter et ne pas le laisser se faire souiller par de piètres individus». « Le public français a une qualité formidable. Il est parfois râleur, chambreur, allumeur, mais il reste un éternel amoureux du sport et de ce qui est beau», rajoutera-t-il avec tendresse.
Le directeur des sports prépare les prochaines Coupe du monde avec envie. Pour la Russie, c’est une délégation d’une quinzaine de personnes qui partira le 10 juin pour suivre l’équipe de France mais aussi pour proposer à l’antenne, des histoires, notamment culturelles, géographiques, en lien avec les spécificités du pays hôte. Pour qu’elle soit réussie radiophoniquement, la rédaction doit «s’adapter à la culture et l’histoire du pays. On va devenir un peu des historiens !», confie Jacques Vendroux. «Nous souhaitons aussi que Radio France soit partenaire de la Coupe du monde féminine qui sera organisée en France en 2019 qui apportera un spectacle fabuleux. Le foot mondial féminin est en train de passer à un autre niveau, tout comme celui de la France avec l’arrivée de Corinne Diacre».
Sur le plan sportif, « il n’y a pas de discussion ! Dans la liste des 23 qui sera publiée bientôt, nous aurons quasiment les meilleurs joueurs à leur poste dans des clubs les plus prestigieux. Mais le travail de Didier Deschamps et qu’il fait très bien, c’est que la mayonnaise prenne. On a fait des bons matchs, ils pourraient être très très bons. On a les moyens de finir dans le dernier carré». En fin connaisseur, il sait que la liste publiée le 17 mai ne comportera pas de surprise, « on la connaît déjà », affirme notre interlocuteur, avec spontanéité.
Céline Jérôme et Fabian Tosolini
Twitter : @Nelice80 et @Fabian_IF