Jean Rességuié : « 20 ans après, on peut avoir envie d’y croire ! »
La fidélité d’un journaliste envers sa radio n’est pas chose évidente. Notre invité du jour est une exception qui confirme la règle. Jean Rességuié a fêté, le 5 mars dernier, ses 30 ans d’antenne sur RMC et suit, pour sa « belle histoire », l’équipe de France depuis 1999. Sa première finale sera celle de l’EURO 2000 et du « but en or de Trézéguet ».
Ce Montalbanais de 54 ans commentera sa 6ème édition dont la 5ème en compagnie des Bleus. « La Coupe du Monde, c’est l’épreuve suprême. C’est un moment particulier car on sent qu’il se passe un truc autour de l’équipe nationale ». Pour Jean, l’évènement permet au football de dépasser le cercle « des habitués qui suivent les bleus » mais il prévient aussi que cela tient compte des résultats obtenus et la manière dont cela se passe ». « Lorsque la France est en finale, c’est toute la nation qui est derrière elle » affirme le journaliste au plus de 1500 matchs commentés.
L’histoire de « Jano » avec l’équipe de France en Coupe du monde repose sur 2 pieds, le sportif et le professionnel. En 2002, « elle démarre mal ». Le nouveau RMC venait de se lancer et avait acheté les droits exclusifs radio. Mais la pire performance réalisée par un champion du monde sortant gâche la fête. La radio se fait cependant connaitre, « nous mettons en avant les supporters et auditeurs en leur donnant la parole lors des débats qui ont suivi l’élimination ». En 2006, elle sera « particulière ». Le « tour de magie » provoquant le retour de Zidane, Thuram et Makélélé amène l’espoir au sein de tout le pays. « Nous sentons qu’il peut se passer quelque chose de grand. Cela sera le cas car ils iront jusqu’en finale ». Malheureusement il y aura ce coup de tête de Zizou. « Ce soir-là, ils pouvaient être champion du Monde ». L’édition 2010 reste « inexplicable ». « C’est la première fois que je vois une équipe de France complétement à l’écart de la réalité». La grève du 20 juin reste un très mauvais souvenir, « dès l’instant où ils descendent tous du bus en baskets, tu sais qu’ils ne s’entraineront pas et que ça va partir en cacahuètes ». Il s’amuse à raconter cette anecdote. « Lors de l’unique but de Florent Malouda contre l’Afrique du Sud je monte dans les tours comme si ce but nous donnait la victoire». 2014, aura été celle du « changement professionnelle ». L’arrivée du multimédia au sein du groupe RMC bouleverse les méthodes de travail. « Il faut usiner. On vit pleinement cette Coupe du monde à travers la télé et la radio. Nous sommes en permanence à côté des bleus pour raconter leurs histoires ». Le parcours se termine face à l’Allemagne (défaite 1-0) avec un exceptionnel Neuer « leur Goldorak qui sort notamment cette frappe de Benzema évitant ainsi l’égalisation.»
« Cette équipe de France suscite de l’intérêt »
Et 2018 ? « C’est le grand point d’interrogation ! » Cette nouvelle aventure commence par l’impatience de la publication de la liste avec « des choix complétements fous à faire par le sélectionneur suite aux potentiels individuels existants ». Ensuite viendra les matchs de poule, « il faut reconnaitre que l’Australie, le Pérou et le Danemark sont abordables avec un ordre de match plutôt intéressant ». Il faudra se méfier du Pérou, « même si on y verra plus clair par rapport aux premiers résultats ». « L’objectif est de finir premier de notre poule pour éviter de croiser l’Argentine en 8ème de finale » annonce-t-il avec quelques craintes. « Cette équipe de France suscite de l’intérêt. L’arrivée de Didier Deschamps donne l’impression qu’elle a grandi. Elle peut aller chercher le dernier carré voir plus » rajoute-t-il tout en « restant prudent » car pas « toujours très bon en matière de pronostics ».
Jean ne sera pas seul à couvrir la compétition pour le groupe RMC Sport. Ils seront huit journalistes à suivre au quotidien l’Equipe de France à Istra auxquels viendront s’ajouter des journalistes basés à Sotchi et Moscou. « Nous serons très présents sur l’antenne de RMC avec des prises d’antenne une heure avant les matchs pour aller parfois jusque minuit. On ne va pas s’ennuyer et finir rincés surtout si la finale est au bout !»
« Vous avez été les précurseurs d’une nouvelle génération de supporters »
Jean est le journaliste le plus proche de l’association des Irrésistibles Français jusqu’à venir participer à notre assemblée générale en 2014 afin de nous faire revivre la folie du 3e but de Sakho contre l’Ukraine, qualificatif pour la Coupe du Monde au Brésil. Il n’hésite pas à se déplacer dans un stade de la banlieue de Stockholm pour venir voir jouer notre équipe contre les supporters Suédois. Il nous croisa pour la première fois à Donetsk en 2012. Depuis, Jean a suivi notre évolution et celle des ambiances autour des Bleus. « Nous vous avons vu arriver en 2012. On a compris que vous étiez des vrais amoureux du maillot de l’équipe de France, de ce qu’elle peut représenter. Vous aviez envie d’être présent et de montrer qu’il était possible d’apporter une ferveur comme celle autour des clubs. La fédération l’a elle aussi comprise et a joué son rôle. Il y a eu une phase d’éducation de part et d’autre. Des supporters qui devaient apprendre à connaitre son équipe et se faire reconnaitre et des joueurs qui devaient se rendre compte qu’ils avaient besoin d’un rapprochement avec vous après s’être fait siffler. Vous leur avez toujours fait comprendre que vous étiez derrière eux. Je pense qu’ils en ont aujourd’hui conscience » Pour cette amoureux du foot, « nous sommes actuellement dans une phase de communion avec la sélection. Le choix, par Didier Deschamps, de jouer l’ensemble des matchs de préparation en France en est une expression. Ils se préparent pour eux, pour vous et avec vous » complète-t-il avec engouement.
« Aujourd’hui, plus aucun média ne peut imaginer faire des sujets autour des Bleus sans évoquer les Irrésistibles Français. Vous êtes devenus incontournables en ayant fait vos preuves. En Russie, vous aurez votre rôle à jouer et il vous faudra le jouer » conclura Jean avec bienveillance.
Fabian Tosolini
Twitter : @Fabian_IF