So Foot | 26.06.2018 | Par Thomas Pitrel


Alors que les supporters français brillent surtout par leur discrétion depuis le début de la Coupe du monde, Fabien Bonnel, le capo du groupe des Irrésistibles Français, vient seulement d’arriver en Russie, où il assistera à son premier match ce mardi contre le Danemark, avant de rentrer en France dès mercredi. Une heure après son arrivée à Moscou, on le retrouve assis sur un trottoir de la place Rouge, pour essayer de comprendre pourquoi les Bleus ne parviennent pas à se faire entendre davantage dans ce Mondial.

Tu as passé le week-end à Saint-Pétersbourg avant d’arriver à Moscou. Comment entres-tu dans ta Coupe du monde ?
On a sympathisé avec des Libanais, des Mexicains, des Costariciens, des Argentins. C’est ça qui est chouette avec l’ambiance Coupe du monde. On était dans le train avec les Danois, on s’est chambré au début et puis après c’était une ambiance amicale, on a parlé du match en se souhaitant bonne chance respectivement. T’as plaisir aussi à croiser des Français, parce que c’est vrai qu’on n’est pas en majorité. Et puis Saint-Pétersbourg était magnifique, Moscou est magnifique, les filles sont magnifiques.

« Saint-Pétersbourg était magnifique, Moscou est magnifique, les filles sont magnifiques. »

T’es surpris par l’ambiance ?
Je ne sais pas quelle est la proportion de touristes par rapport aux locaux ici sur la place Rouge, mais si on n’est pas à 50/50 on ne doit pas en être loin. Tout le monde ramène cette envie de fête autour du football. Les gens tapent un petit foot sur la place Rouge. À Saint-Pétersbourg, il y avait tous les pays qui faisaient une petite brésilienne sur la Perspective Nevski. Les Russes, je ne sais pas s’ils sont fans de foot en général, mais il y a quand même pas mal de supporters. Et puis en 1998 et en 2016 en France, tout le monde faisait un peu la fête, que t’aimes ou pas le ballon. Il y a cette atmosphère particulière.

Quels échos as-tu eu de ceux qui ont fait les premiers matchs de la France ?
Je ne sais pas si tu as entendu parler de la répartition FIFA, normalement on devrait être en groupe, on a des tickets spéciaux Irrésistibles Français, mais en fait on est dans des blocs séparés. C’est relou, on ne sait pas d’où ça vient, la billetterie FIFA dit que ça ne vient pas d’eux. Nous, on a fait toutes nos demandes via la Fédé, on a commandé avec un code de regroupement pour que tout le monde soit ensemble, on a fait le boulot. Et là on se rend compte qu’il y en a au bloc 315, un autre au bloc 312, ou 320, c’est relou. Quand t’es au milieu de 4000 Australiens ça va, quand t’es au milieu de 20000 Péruviens, c’est plus compliqué. Je sais que les Français qui y étaient ont fait le boulot, même s’ils ne se sont pas fait entendre. Je les respecte grandement d’avoir fait ça face à cette marée. Ceux qui critiquent depuis la France auraient mieux fait de se déplacer. Nous, on est venus pour renforcer les rangs. Il y aura 200 IF pour France-Danemark. Il faut tout donner. Je ne comprends pas les gens qui viennent pour rester les bras croisés. T’es un soldat de ton pays, t’es le douzième homme, tu dois être là avec eux. On espère que tous les Français présents dans le stade vont prendre conscience de ça. Et si je peux, je viendrai renforcer les rangs pour la finale. On avait tous accès à des places conditionnelles. Si la France y est, on a nos billets. Si la France est éliminée, on est remboursés. Pour la finale, c’est 400 balles.

« On ne va pas se mentir : la Russie ne fait pas rêver autant que le Brésil pour une Coupe du monde. »

Comment expliques-tu qu’il y ait aussi peu de Français qui soient venus ?
Il y en a autant qu’au Brésil. Mais il y a eu tout un renforcement des supporters depuis le Brésil, le club des supporters de la fédé a bien grossi, nous en tant qu’assoce on s’est solidifié, donc ça aurait peut-être dû ramener plus de monde, mais on ne va pas se mentir : la Russie ne fait pas rêver autant que le Brésil pour une Coupe du monde.
Donc c’est déjà très bien d’avoir pu garder une dynamique avec un chiffre pareil que pour le Brésil. On est la douzième nation sur 32 en nombre de billets achetés, c’est une belle surprise parce qu’il y a huit ans, on devait être la dernière. Il devait y avoir 500 billets de pris en Afrique du Sud. On s’était fait noyer par les Mexicains, par tous les pays. On est sur une super dynamique, ça continue très bien. Le Qatar, je n’irai pas, mais ça se peut qu’on continue sur cette dynamique. Et puis il y a un gros truc qui va arriver avec les États-Unis-Canada-Mexique, ça va être un joli périple à faire, on espère être dans le top 10, ou top 5.

Pourquoi tu n’iras pas au Qatar ?
Pour des raisons pas forcément footballistiques, mais aussi politiques, qui font que je n’ai pas spécialement envie d’aller dans ce pays. Mais on pensait qu’en Russie, ce serait moins bien qu’au Brésil, et ça a été aussi bien, donc peut-être que les gens se bougeront. Peut-être que d’ici là, la France aura été championne du monde et championne d’Europe, aussi. Il ne faut pas mettre le contexte sportif de côté. Si la France sort en huitièmes contre le Nigeria ou l’Islande, peut-être que ce sera totalement différent. On est une grosse nation de football, on pourrait faire mieux, certes, mais on est sur une dynamique positive.

Et cet Euro 2020 dans plein de pays différents, t’en penses quoi ?
Ça va être chaud à organiser, ça va être un peu tendu pour tout le monde. Sur les petits groupes, les villes ne sont pas forcément côte à côte, ça va être particulier. Ça va surtout dépendre des villes dans lesquelles on tombe. Entre Bakou et Rome ou Londres, c’est quand même pas pareil. Et sur une compète, l’aspect touristique compte autant que l’aspect footballistique. En 2014, on était aussi venus se faire des super vacances au Brésil.

Il y a des supporters qui suivent tous les matchs de la France ?
Oui, dans l’assoce, il y en a une trentaine. Ils prennent les trains gratuits, là ils viennent de faire 30 heures pour faire Ekaterinbourg-Moscou. Il y en a aussi 23 qui ont fait 50 heures de bus, Paris, Lyon puis Istra. Le président des IF, Hervé Mougin, était avec eux et il fait tout le périple. Ils ont assisté à un entraînement à Istra, le 12 juin, mais là il n’y a plus d’entraînement public de prévu pour le moment. C’est une histoire de folie de faire une Coupe du monde. Il y en a pas mal qui ont commencé à partir de ce match à Moscou et qui vont continuer jusqu’à la finale, parce que ça fait économiser une semaine de vacances.

« On fait du Deschamps, c’est pas du joga bonito, c’est pas du jeu à la barcelonaise de la grande époque, on vient juste pour prendre les trois points. »

T’as pensé quoi des prestations des Bleus ?
C’est du Deschamps : on gagne. On a vu que c’était compliqué au début pour les gros pays, tout le monde aimerait bien avoir six points en deux matchs et être déjà qualifié. Ça m’avait l’air globalement maîtrisé, les Australiens ne nous ont pas fait très peur, les Péruviens ont eu une ou deux occases. On fait du Deschamps, c’est pas du joga bonito, c’est pas du jeu à la barcelonaise de la grande époque, on vient juste pour prendre les trois points. J’espère qu’on assurera la première place du groupe parce que j’ai pas du tout envie de tomber sur les Croates. Si c’est le Nigeria ou l’Islande, ça ne me déplaît pas.